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place, dans cette dernière classe le lord Lansdown. Selon lui, « Cet au» teur a copié jusqu'aux fautes de » Waller; comme son modèle, il s'a» muse aux puérilités de la fable; il >> ne sait faire de vers qu'avec Jupiter, » Vénus et Minerve; ses pièces ana» créontiques à Mira ont peu d'amour » et peu de poésie. Ses meilleurs ou» vrages sont l'opéra des Enchanteurs » anglais, l'Essai sur les écarts en poésie, » et un petit poëme intitulé les Progrès » de la beauté. »‹

Walpole prétendait aussi «Que Lans>> down n'avait fait qu'imiter Waller; et >> que le modèle étant déjà faible, l'imi» tateur était plus faible encore. »

Lansdown, du moins, n'imita pas Waller dans sa conduite politique : il développa un grand et beau caractère. Ferme dans son parti sans être fanatique; galant avec les femmes sans être licencieux; protecteur sans orgueil; auteur sans rivalité; aucune tache ne dépare

ses actions et ses ouvrages; il n'écrivit jamais un trait satirique, ne donna jamais un éloge qu'il ne crût mérité; il pratiqua la morale qu'Addison avait enseignée; et son ministère de cinq ans parut plus court aux anglais que le ministère de cinq mois de ce dernier.

Tout cela, je l'avoue, me rend un peu partial en faveur des poésies échappées, pour ainsi dire, aux loisirs d'un grand seigneur recommandable par mille belles qualités, et que Pope ne nommait pas autrement que the polite Granville (le poli Granville). Le reflet de ses vertus me semble embellir ses vers.

En les relisant, je trouve ce distique fait pour être au bas d'une statue de

l'amour :

Whoe'er thou art, thy lord and master see, Thou wast my slave, thou art, or thou shalt be.*

Qui que tu sois, vois ton seigneur et ton maître, tu fus mon esclave, tu l'es, ou tu le seras.

Voltaire a fait ce distique de cette manière :

Qui que tu sois, voici ton mattre;
Il l'est, le fut ou le doit être.

L'un des deux a imité l'autre sans le dire lequel des deux est le plagiaire? Voltaire était bien jeune quand Lansdown vint à Paris, et Lansdown était bien vieux quand Voltaire alla à Londres.

GAY.

The man of pure and simple heart
Through life disdains a double part:
He never needs the screen of lies
His inward bosom to disguise.
Unbrib'd, unaw'd he dares impart
The honest dictates of his heart.

GAY, the squire and his cur, a fable.

But I, who ne'er was blest by fortune's hand Nor brighten'd plough shares in paternal land, Long in the noisy town have been immur'd Respir'd its smoke, and all its cares indur'd.**

GAY, rural sports.

GAY, dans ses vers, semble s'être peint lui-même. « C'était, dit Pope, un homme

* L'homme, dont le cœur est simple et pur,
dédaigne de jouer un double rôle :

il n'a jamais besoin du voile des mensonges
pour cacher l'intérieur de son âme.

(La suite à la page suivante. }

» franc, naturel, sans artifice; disant » ce qu'il pensait et comme il le pen» sait. » Johnson ajoute qu'il était aussi prompt à concevoir des espérances qu'à se laisser abattre quand elles étaient déçues.

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Né d'une famille honnête mais pauvre, on le plaça apprenti chez un marchand de soie à Londres. Las de servir les dames dans une boutique, il quitta cette profession et devint secrétaire de la duchesse de Monmouth, veuve du fils naturel de Charles II. Il eut alors le tems de se livrer à la poésie, et composa les Amusemens champêtres, qu'il dédia à Pope. Flatté de cet hommage, charmé de la douceur de ses

Sans corruption, sans crainte, il exprime
les honnêtes dictées de son cœur.

** Mais moi, qui jamais ne fus favorisé par la fortune qui jamais ne labourai un champ paternel, long-tems, enfermé dans les murs d'une ville bruyante, j'en ai respiré la fumée, et enduré les soucis.

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