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Arburthnot tient dans les belles-lettres un rang plus distingué. Médecin de la reine Anne, très-estimé dans sa profession, instruit dans les sciences, doué d'une imagination vive et brillante, et d'un caractère doux et aimable, il fut dans les plus beaux jours de la littérature anglaise, un de ses plus beaux

ornemens.

Lié avec Pope et Swift, ils avaient projetté ensemble un ouvrage dans le goût de celui de Michel Cervantes un Don Quichotte littéraire. Les anglais attendaient beaucoup d'un triumvirat aussi illustre. On en a que le commencement, écrit par Arburthnot, avec quelques additions de Pope. Il est imprimé dans les œuvres de ce dernier sous le titre de Mémoires de Martinus Scriblerus.

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Mort à Londres en 1737, âgé de 41 ans.

UNE épître assez longue, en petits vers et dans le genre de celles de Gresset, est à peu près le seul ouvrage de cet auteur; mais un ouvrage heureux suffit pour faire une réputation. Le sujet de cette épître est le Spleen, et Green explique gaîment les différens moyens qu'il emploie pour le combattre. Ce petit poëme respire un épicurisme aimable et doux, quelquefois galant, et plus souvent malin. Melmoth prétendait qu'il n'avait jamais vu tant d'esprit en si peu de lignes. J'avoue

la difficulté de le traduire en vers que et de rendre à la fois les expressions et les grâces de l'original, m'a un peu effrayé. Je vais d'avance en citer quelques vers.

1

Sometimes I dress, with women sit,
And chat away the gloomy fit;
Quit the stiff garb of serious sense
And wear a gay impertinence,
Nor think or speak with any pains,
But lay on fancy's neck the reins :
Talk of unusual swell of waist
In maid of honour loosely lac'd;
And beauty borr'wing spanish red
And loving pair with sep'rate bed;
And jewels pawn'd for loss of game
And then redeem'd by loss of fame;
Of Kitty (aunt left in the lurch

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*Par fois je m'habille, m'asseois avec les femmes, et babille pour chasser la sombre vapeur.

Je quitte l'habit empesé du sérieux bon sens, et j'endosse la joyeuse impertinence ;

pense, parle sans aucune peine,

et laisse la bride sur le cou à la fantaisie.

Je cause de la robe singulièrement arrondie d'une fille d'honneur dont le lacet s'allonge; de la beauté qui emprunte du rouge d'Espagne; du couple amoureux qui fait lit à part;

des bijoux engagés pour une perte du jeu,

et ensuite rachetés par une perte de réputation; de Kitty qui, plantant là sa tante

By grave pretence to go to church),
Perceiv'd in hack with lover fine,
Like Will and Mary on the coin;
And thus in modish manner we,

In aid of sugar, sweeten tea.

*

GREEN, the Spleen.

51. TICKELL,

Né à Bridekirk, en Cumberland, en 1686.
Mort à Bath en 1740, âgé de 54 ans.

L'ÉVÈNEMENT poétique le plus important de la vie de Tickell, fut la traduction en vers du premier chant de l'Iliade qu'il fit paraître au moment où Pope publia la première livraison de son Homère.

Addison compara les deux versions et

* sous le grave prétexte d'aller à l'église,
est aperçue dans un fiacre avec un bel amant,
comme William et Marie dans un coin ;
c'est ainsi qu'en suivant la mode,

à l'aide du sucre nous adoucissons le the.

déclara que toutes deux étaient bonnes, mais que celle de Tickell était la meilleure qui eût jamais été faite.

Surpris de cette décision, Pope soupçonna que Tickell n'était ici que le prête-nom, et qu'Addison était le véritable auteur. Après la mort de ce dernier, Pope en parla à Tickell qui ne nia point le fait; c'était en convenir, et personne n'en doute plus aujourd'hui.

Tickell au surplus, dit Johnson était un des meilleurs poëtes subalternes. Lorsqu'Addison fit paraître son opéra de Rosamonde, Tickell lui adressa quelques vers, et ce fut le commencement d'une liaison qui devint très-intime. Tickell devint un des collaborateurs du Spectateur, et fit l'éloge de cet ouvrage dans une soixantaine de vers très-bien faits, insérés au no. 532. En attachant, dit-il, son nom à celui d'Addison, il ira à la postérité. Tickell finit par cette belle comparaison imitée de Virgile:

« ՆախորդըՇարունակել »