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s'il ne faut pas concevoir de craintes exagérées, il serait imprudent de regarder comme tout à fait réelle l'apparente prospérité de notre école. Jamais peut-être elle ne fut plus riche, et si on la compare aux écoles de l'Allemagne, de la Belgique et de l'Angleterre, les seules qui soient encore debout, jamais elle ne fut plus vivace. Entre ses mains, le ciseau et la brosse ont acquis une adresse extraordinaire. Elle n'ignore aucun moyen ni aucun procédé; elle a, pour ainsi dire, décomposé par l'analyse les maîtres les plus illustres de l'Italie, de l'Espagne et des pays septentrionaux; elle étonne et séduit par la variété, par l'abondance et par l'éclat de ses productions. Mais elle se laisse trop envahir par ce qu'il y a de matériel dans l'art; elle recherche trop ce qui se voit et surtout ce qui plaît; elle néglige trop ce qui s'adresse à la pensée; en un mot, à son insu ou de son plein gré, elle ne tend à rien moins qu'à métamorphoser les arts du dessin en des arts de luxe et en de simples causes de sensations.

Henry TRIANON.

LE COURS DE M. MICHELET EN 1847.

L'article qu'on va lire nous a été communiqué par un jeune écrivain plein d'honneur et de loyauté qui le signe de son nom et nous a déclaré en prendre hautement la responsabilité devant le public. Nous devons expliquer à notre tour les motifs qui nous ont engagé à l'accueillir.

Depuis quelques années, les catholiques ont démontré par des preuves multipliées qu'ils ne voulaient gêner la liberté de personne. Ils se sont contentés de réclamer la liberté pour eux-mêmes, et ont déclaré qu'à cette condition ils se sentaient assez forts pour lutter contre tous les enseignements et toutes les doctrines contraires.

Lorsque d'honorables citoyens de Marseille envoyèrent à la Chambre des Pairs une pétition qui demandait que le gouvernement intervint pour réprimer les écarts de MM. Michelet et Quinet, les catholiques virent dans l'accueil fait à cette démarche un danger pour la liberté des chaires dans lesquelles la religion trouvait des défenseurs. L'événement n'a pas tardé à justifier leurs prévisions.

Est-ce au moins pour nous une satisfaction que la voix de M. Quinet ne se fasse plus entendre? Nullement. M. Quinet était à bout de rôle, et son propre épuisement n'aurait pas tardé à faire justice de l'excès de ses attaques. L'espèce de piédestal que la persécution lui a faite a été pour sa pensée une planche de salut.

M. Quinet hors de combat, la voix de M. Michelet continuait de se faire entendre. On pensait que M. Michelet, suffisamment averti, saurait modifier son langage; la relation que nous publions apprendra au public jusqu'à quel point cette espérance était fondée.

Aujourd'hui le désordre recommence. M. Damas-Hinard, suppléant désigné par M. Quinet lui-même, a subi d'indignes outrages, et la présence de l'administrateur du Collège de France, M. Letronne, qui du moins n'avait pas déserté son poste, n'a pu imposer aux perturba

teurs. M. Damas-Hinard, littérateur très-inoffensif, qui ne s'occupe ni de Rome ni de Genève, mais de Calderon et de Lope de Vega, n'a pas obtenu de la part de l'émeute la permission de professer. Dans les écoles de l'Etat, c'est l'émeute qui est souveraine.

Le tableau que nous donnons du cours de M. Michelet apprendra à quel prix on obtient aujourd'hui la faveur de l'émeute.

De tous les cours du Collège de France, celui qui attire le plus vivement l'attention, c'est incontestablement le cours de M. Michelet: il a la vogue; nulle salle n'est mieux garnie; aucun professeur n'est accueilli avec autant de faveur par les journaux et ne jouit d'une aussi grande popularité.

Il fut un temps en Angleterre où l'auteur à la mode s'appelait le lion littéraire. On ne connaissait, on ne lisait que lui, on ne jurait que par lui; il avait une cour composée de deux sortes de gens, un petit nombre de fous qui l'admiraient de bonne foi, et une foule de ces esprits confiants, avides de connaître la vérité, mais paresseux à la chercher avec réflexion, pleins d'idées généreuses, mais crédules au bruit, à la renommée et au charlatanisme, et tout prêts à accepter l'erreur avec le même empressement, pourvu que l'on eût mis sur l'étiquette le mot vérité. Je ne parle pas des sceptiques et des railleurs qui se pressaient à la suite de ce roi littéraire, lui prodiguant les flatteries, criant plus haut que les autres, et le poussant à faire quelque sottise, pour être les premiers à le bafouer.

On comprend bien qu'il n'existe aucun rapport entre les lions littéraires de Londres et M. Michelet, sinon que lui aussi a une cour: M. Michelet, au Collège de France, est un roi.

Un des jours de cet hiver, dans la cour du Collège de France, un étranger était arrêté devant l'affiche, qu'il parcourait des yeux.

« Monsieur, dit-il à un étudiant qui passait, je suis Suédois; j'habite aux confins de la Laponie, non loin du cercle polaire. Je suis venu à Paris avec la curiosité de connaître le mouvement des idées, et j'ai pensé que je n'avais rien de mieux à faire que de suivre les cours publics. Les cours de langue hébraïque, d'archéologie, de médecine et de mathématiques transcendantes me touchent médiocrement; mais voici celui de l'histoire moderne, la philosophie de l'histoire appliquée à la révolution française; je m'imagine que j'ai trouvé ce que je cherche. Je vais étudier à la fois la plus grande époque des temps modernes, et les principes par lesquels la première nation de l'univers se juge ellemême à soixante ans de distance; puis le professeur chargé de cette magnifique tâche est M. Michelet, l'illustre historien, l'auteur d'un pré

solved slate, especially defective in carbonic acid, humus, lime, and mag. nesia." It would seem to have a considerable tenacity of moisture, judging from its deficiency in coarse sand. Specimens of soil examined by the great English chemist, Professor Farraday, give strikingly dif ferent results, but in the latter case there were no means of verifying the genuineness of the specimens themselves. Soil said to have been brought from the hill of Lapa, near Macao, exhibited 46 parts of sand is composition with 54 parts of ferruginous clay and other elements. Other specimens presented a greater or less proportion of sand. Variant testimonies might be multiplied, illustrating the fact that experience and observation have as yet detected no master elements of soil controlling tea culture. Doctor Wallich observes that "the tea may be easily satisfied with respect to soil." Kaempfer states that in Japan it is planted without regard to soil. McClelland makes the same observation in respect to the tea culture in Assam, expressing the opinion "that the vegetable matter in the tea soil acts only as an absorbent of moisture, as appears by the fact that where vegetable matter is greatest, alumina, the common absorbent principle of the soil, is least; and that the quantity of alumina is also in proportion to the degree of insulation of the soil in regard to moisture and the greater drainage to which it is exposed." From these facts he concludes that "the narrowest inference that we can draw from this is, that the same soil would not be suitable to the plant in every situation."

Climatic influences, if not more effective, are at least more easily ap prehended. The climatic conditions of China may be divided into general and special. The entire zone of tea production is to a greater or less extent affected by the periodical winds called the monsoons, which prevail for six months in a year from north or northeast, and for the remaining six months from the opposite direction. The former is attended by cold, frost and dryness, entirely suspending the vegetative circulation, while the latter is accompanied by heat and moisture stimulating its vitality to the highest degree.

These divisions of the year do not amount, as in India, to wet and dry seasons; for in China rain-fall is distributed through the entire year. During the winter monsoon the rain-fall at Canton averages 11 inches, and at Macao 13 inches, or a little more than in London, England, during the same period. At Calcutta it barely averages 3 inches.

During the southwest monsoon the rain-fall at Canton is 67 inches, making 78 inches during the year. At Peking, however, the annual rain-fall is but 28 inches, being much less than in England, 16 degrees further north. From this it will be seen that the clouds charged with copious moisture from the Indian Ocean deposit the greater portion of their burden before crossing the northern limit of the tea zone.

The change of the monsoons in the spring is marked by meteorological changes calculated to awaken the functions of vegetation after its long hibernation during the cold, dry interregnum of the winter monsoons. From March to May, around Macao, the rain-fall seems to increase in almost geometrical ratio, and the elevation of temperature seems to keep pace with it. About the first of April the atmosphere becomes stagnant, warm, and close; mists and fogs cover the sea in the mornings and sometimes during the day; the hydrometer attains its highest range of humidity, and a considerable spontaneous deposit of moisture is observable on painted walls and other like objects. The increasing heat of the season, copious evaporation, and rapid alternation of sunshine and showers, have already produced a powerful and visible quickening of the functions of vegetable life. To these succeed the drenching trop

Deux ou trois jeunes gens l'entonnèrent, et bientôt la salle entière reprit le refrain avec une verve puissante et ébranlante : nul ne le nie, ce chant magnifique répété par huit cents voix émeut et remue involontairement les cœurs. Cependant le Suédois, qui venait de traverser l'Allemagne, où tout est tranquille, et qui n'avait point entendu parler de guerre, s'inquiétait de savoir si l'on venait d'apprendre quelque nouvelle fâcheuse, pour que ces jeunes gens appelassent ainsi aux armes avec tant d'enthousiasme. Ce n'était rien encore ; après la Marseillaise, on chante l'air Jamais en France l'Anglais ne régner a, de Charles VI, puis le chant du Départ, la République nous appelle, etc. Les trois chansons politiques sont accueillies avec le même emportement. Pourtant l'auditoire paraissait s'apaiser: c'est qu'on faisait une quête; cinq ou six jeunes gens allaient de rang en rang, recueillant l'argent dans un chapeau. Le Suédois s'informa si cette quête était pour les inondés de la Loire ou les pauvres de Paris pendant cette disette; il apprit que l'on quêtait pour les Polonais.

Cependant on frappait des pieds, on s'interpellait d'un bout à l'autre de la salle; le public ne savait sur quoi porter son inquiète ardeur: alors, la chanson de Béranger sur les Jésuites! crie une voix. Oui! oui ! la chanson de Béranger! A bas les Jésuites! à bas les mouchards! Un jeune homme se lève, et la salle entière répète les étranges et obscènes paroles de la chanson.

Mon Allemand était ébaubi; toute la salle paraissait enivrée; chaque couplet était suivi du cri: à bas les Jésuites! Quant aux dames, elles ne paraissaient pas émues de ce singulier refrain; elles écoutaient avec une gaieté insouciante et cette curiosité particulière aux femmes, toujours prêtes à excuser l'inconnu. Deux ou trois seulement détournaient la tête, comme si elles cherchaient à ne pas entendre.

Dans ce moment l'on déposait le produit de la quête sur le bureau ; un jeune homme s'y précipite comme à une tribune, et, un papier à la main, faitsigne qu'il demande le silence. Après des cris de toutes parts: parlez! ne parlez pas! il commence : c'était une épître en vers à M. Michelet.

Des vers! s'écrie-t-on; lisez. Le poëte lut d'une voix forte et passionnée.

C'était un jeune homme de vingt-cinq ans: une belle tête, quelque chose de généreux et de noble; mais on voyait percer la vaniteuse avidité des applaudissements de la foule. Ses vers ne manquaient ni de verve ni d'énergie; mais là, plus que jamais, le poëte n'était qu'une voix; il s'était fait l'expression des haines et des passions des jeunes gens qui l'entouraient. Admiration fanatique pour le professeur, diatribe violente

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