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musique et suppose qu'à une fête donnée par Alexandre, après la défaite des perses, Thimothée chante en s'accompagnant de la lyre. Thimothée célèbre Bacchus, et le héros est dans l'ivresse ; il peint Darius précipité du trône, et la pitié arrache une larme au vainqueur; il décrit les plaisirs de l'amour, Alexandre tombe aux pieds de la belle Thaïs; enfin le enfin le poëte demande vengeance pour les guerriers morts au sein de la victoire, Alexandre saisit un flambeau et veut embraser la Perse. Dryden met ensuité Cécile au-dessus de Thimothée :

He rais'd a mortal to the skies,
She drew an angel down. *

DRYDEN, ode on St. Cecilia.

Pope a écrit d'imitation: il est guidé plutôt qu'inspiré ; il se dirige quand son

*Il avait élevé un mortel aux cieux,

elle attira un ange sur la terre.

rival s'abandonne; comme lui il célèbre le pouvoir de la musique, et peint Orphée descendant aux enfers, charmant les démons, recouvrant, reperdant Euridice, gémissant sur le mont Rhodope, et déchiré enfin

par les Bacchantes; puis il donne la palme à Cécile sur Orphée :

His numbers rais'd a shade from hell,
Her's lift'd the soul to heav'n. *

POPE, ode on St. Cecilia.

L'ode de Pope lui a sans doute beaucoup plus coûté; mais elle prouve que l'esprit ne peut jamais s'élever aussi haut que le génie.

J'ai traduit ces deux odes; mais je n'ai pu en rendre toutes les beautés.

ADDISON, Yalden et Congreve ont traité le même sujet; ce dernier seul

*Il avait, par ses vers, tiré une ombre des enfers, les siens elle éleva l'âme aux cieux.

par

approche, mais de très loin encore, des deux célèbres rivaux.

COWLEY, West, Hughes, Ambrose Philips ont traduit les odes de Pindare. Ils ont fait aussi d'autres odes pindariques, ainsi que Waller, Rochester, Warton, Smollet, Collins, Mrs. Barbauld et miss Carter. Watts, Merrick et Pitt ont traduit les pseaumes qui sont de véritables odes. Gray, dans le genre sombre et terrible, parut, pendant quelque tems, avoir une supériorité qui depuis lui a été bien contestée.

Ce serait ici le moment de parler d'un auteur qui vit encore, le docteur Wolcott, qui se surnomma lui-même Peter Pindar, et composa quelques odes. Mais l'insupportable démagogie qui règne dans ses ouvrages ne m'a inspiré que du dégoût. Ses odes me rappellent les rapsodies que l'on chantait aux fêtes de la liberté, sous le règne de la terreur. Son poëme, intitulé the Lousiad (la Pouillade), et dont le sujet est un insecte

que le roi d'Angleterre trouva dans sa soupe, me paraît une mauvaise plaisanterie, au-dessous même du burlesque.

ODES MORALES.

O Pallas, queen of ev'ry art

That glads the sense or mends the heart,
Blest source of purest joys;

In ev'ry form of beauty bright,
That captivates the mental sight,
With pleasure and surprise;

To thy unspotted shrine I bow;
Assist thy modest suppliant's vow

That breathes no wild desires :

*

*O Pallas! reine de tous les arts

qui charment l'esprit et corrigent le cœur, source heureuse des plus pures jouissances; toi qui brille dans toutes les formes de la beauté, qui peuvent captiver la vue mentale

avec plaisir èt surprise;

A ton autel sans tache je m'incline;
seconde les vœux de ta modeste suppliante,

qui ne forme point d'insensés desirs ;

But, taught by thy unerring rules
To shun the fruitless wish of fools,
To nobler views aspires.*

Miss CARTER, ode to Wisdom.

Montesquieu prétend que « les poëtes lyriques font de leur art une harmonieuse extravagance. » Il faut au moins en excepter les odes morales. Horace est l'inventeur de cette espèce d'ode qui prend un essor moins élevé que le genre pindarique. Plusieurs des odes des auteurs que je viens de citer, rentrent dans cette classe. Pope y a excellé dans sa prière universelle, dont j'ai ajouté une traduction à toutes celles qui existent déjà.

ODES ANACREONTIQUES.

Tantôt, de l'azur d'un nuage,

Plus brillant que les plus beaux jours,

*mais, instruite par tes infaillibles leçons,

à éviter les vains desirs de la folie,

aspire à de plus nobles vues,

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