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AU LECTEUR.

Ce n'est ici qu'un simple crayon, un petit impromptu, dont le Roi a voulu se faire un divertissement'. Il est le plus précipité de tous ceux que Sa Majesté m'ait commandés ; et lorsque je dirai qu'il a été proposé, fait,

1. Dans la copie Philidor (voyez ci-après, p. 294, note 1), cet avertissement de Molière est intitulé Préface.

2. Ces derniers mots donneraient assez naturellement à croire que le Roi en personne prit part à quelqu'une des danses épisodiques dont Molière fut chargé de trouver le sujet ou d'amener l'emploi dans le ballet final des Jeux, des Ris et des Plaisirs, où furent deux fois exécutées les figures d'une longue chaconne que l'orchestre avait d'avance fait entendre et comme annoncée à l'ouverture du spectacle, il y avait une place convenable pour un groupe de nobles danseurs et danseuses et pour le Roi (voyez ciaprès, p. 296, dernière partie de la note, 2o). Nous avons pour appuyer la simple conjecture que nous proposons, non pas le témoignage (ce serait trop dire), mais au moins la conjecture toute semblable de Philidor: il a ajouté en termes exprès au titre de l'Amour médecin que cette comédie-ballet fut dansée par Sa Majesté (voyez ci-après, p. 295, à la note). Peut-être la preuve du fait se trouvait-elle sur les feuillets originaux mis au net par lui; et il faut remarquer qu'il avait un motif de se bien informer: il se flattait certainement que son volume passerait sous les yeux du Roi, puisqu'il l'a fait précéder de l'épître dédicatoire qui accompagne tous ceux qu'il lui destinait". Nous devons convenir qu'il y a néanmoins encore lieu de douter de ce renseignement si nettement donné. On peut soupçonner que la mention dansé par le Roi, ou bien avait un autre sens que celui qu'elle semble d'abord avoir, ou bien a été portée un peu au hasard et par habitude sur plus d'une de ces nombreuses copies de ballets de cour qu'avait entreprises Philidor. Nous avons déjà donné des exemples (tome IV, p. 230, note a) de la manière négligée, peut-être toute machinale, dont il rédigeait ses titres; ils ne peuvent évidemment pas être pris tous à la lettre.

3. Ces divertissements antérieurs sont les Fácheux (1661), que

a Elle a été donnée, p. 67 de notre tome IV, au-devant du livre de ballet du Mariage forcé.

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Il y eut aussi en 1861, le 20 septembre, une reprise, au Théâtre Français, de l'Amour médecin, réduit en deux actes. Voici la distribution des rôles :

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LISETTE,

Mmes Bonval.

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DES FONANDRES,

Chéry.

LUCRÈCE,

TOMÈS,

Barré.

LUCINDE,

Rosa Didier. Ponsin.

BAHYS,

Eugène Provost.

Bien qu'il ait perdu l'attrait des allusions satiriques à des personnes connues, l'Amour médecin peut plaire encore; et cette comédie-ballet, toutes les fois même qu'on la jouera sans ballets, se passera sans aucune peine, quoi qu'en ait dit Molière, des grâces qu'y ajoutaient « les airs et les symphonies de l'incomparable M. Lully. » Cette musique de l'illustre Florentin n'est point perdue. Le jour où l'on voudrait la faire entendre dans une représentation de la pièce, on la trouverait dans le Recueil de Philidor l'aîné, que possède la bibliothèque du Conservatoire de musique1.

La première édition de l'Amour médecin a été mise en vente en 1666; l'Achevé d'imprimer est du 15 janvier 1666. Le privilége, ou permission d'imprimer pendant cinq ans, remonte au 30 décembre 1665, et Molière a cédé et transporté son privilége « à Pierre Traboüillet, Nicolas le Gras et Théodore Girard, marchands libraires à Paris. » Cette édition originale est un in-12 de 95 pages numérotées, précédées de 5 feuil

I.

Voyez sur ce recueil notre tome IV, p. 10-12, et sur la copie de l'Amour médecin qui s'y trouve, ci-après, p. 294, note 1.

2. La dernière page est chiffrée par erreur 59; cette faute a été reproduite dans la contrefaçon qui a été faite de cette édition: voyez la Bibliographie moliéresque, p. 22, fin du no 11.

lets non chiffrés et de l'estampe dont nous avons parlé. Le

titre est:

L'AMOVR

MEDECIN.

COMEDIE.

Par I. B. P. MOLIERE.

A PARIS,

Chez NICOLAS LE GRAS, au troisiéme Pilier de la grand' Salle du Palais, à l'Esperance, et à L, couronnée'.

M.DC.LXVI.

AVEC PRIvilege dv ROY.

Une seconde édition a été publiée en 1669; l'Achevé d'imprimer pour la seconde fois est du 20 novembre 1668.

Parmi les traductions, nous en remarquons une du dix-septième siècle (1680) en néerlandais, réduite en un seul acte 2, et plusieurs du dix-neuvième : en polonais (vers 1820), en arménien (1855), en suédois (1859), en grec moderne (1862), en roumain (1872), sans compter celles qui font partie des versions récentes du théâtre complet dont nous avons eu déjà occasion de parler à la fin de la Notice du Dom Juan.

1. Ou Chez PIERRE TRABOUILLET ou Théodore GIRARD, chacun avec son adresse.

2. Pour réduire ainsi la pièce, le traducteur, A. Leeuwe, a supprimé le second acte et les deux premières scènes du troisième. Ces morceaux supprimés ont été intercalés dans une version néerlandaise anonyme du Médecin malgré lui, de la même année 1680. Voyez la Bibliographie molièresque, p. 162 et 163.

appris et représenté en cinq jours, je ne dirai que ce qui est vrai. Il n'est pas nécessaire de vous avertir qu'il y a beaucoup de choses qui dépendent de l'action. On sait bien que les comédies ne sont faites que pour être jouées; et je ne conseille de lire celle-ci qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre. Ce que je vous dirai, c'est qu'il seroit à souhaiter que ces sortes d'ouvrages pussent toujours se montrer à vous avec les ornements qui les accompagnent chez le Roi. Vous les verriez dans un état beaucoup plus supportable; et les airs et les symphonies de l'incomparable Monsieur Lully1, mêlés à la

Molière avait déjà dû improviser en quinze jours, sinon sur l'ordre du Roi, du moins pour lui faire fête; puis les deux représentés l'année précédente (1664) à la cour : le Mariage forcé, dans les danses duquel figura sûrement le Roi, et la Princesse d'Élide, préparée en grande hâte, avec tous ses intermèdes, pour une des journées de l'Ile enchantée.

1. Alors que Molière faisait ce compliment à Lully et aux autres artistes ou amateurs qui l'avaient secondé chez le Roi, le succès que trouvait sa comédie chez lui, au Palais-Royal, où il la jouait seule, sans intermèdes, lui avait déjà prouvé combien facilement elle pouvait se passer de tout ornement étranger. Elle s'en passe depuis longtemps. Il serait cependant aisé, dès qu'on le voudrait, de donner au public de nos jours le plaisir d'une représentation complète de l'Amour médecin, comédie, chant et ballet. Toute la musique, comme il a été dit à la fin de la Notice, nous en a été conservée. C'est à Philidor qu'on en est redevable; c'est lui, cette fois encore, qui a pris soin de recueillir les airs et les symphonies du maître italien. Après les avoir transcrits de sa plus belle écriture,

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a Voyez au tome III, p. 28. —¿ Tome IV, p. 77. e Ibidem, p. 93. d On peut sans doute conclure qu'ils furent supprimés à la ville, d'abord de ce passage de l'avis Au lecteur, puis de ce que la Grange n'a fait aucune mention de frais extraordinaires pour le théâtre.

• Un tome VI des Ballets de Lully, reste d'une autre collection qui a appartenu au Conservatoire, et de même le tome V du recueil en six volumes et le tome A du recueil en deux volumes conservés à la Bibliothèque nationale, contiennent des airs de danse de l'Amour médecin, mais ne donnent rien, ni paroles ni musique, des morceaux de chant.

beauté des voix et à l'adresse des danseurs, leur don

ainsi que le dialogue entier de la comédie avec lequel ils alternent, il a formé du tout (comprenant 81 pages in-folio, plus 4 feuillets préliminaires) un beau volume, qu'il se proposait d'offrir au Roi, qu'il retint néanmoins ou reprit, qui est passé et heureusement resté à la bibliothèque du Conservatoire, et qui est devenu le numéro 29 de ce qu'on appelle encore sa collection (voyez tome IV, p. 11). Le grand titre est : « L'Amour médecin, comédie et ballet dansé par Sa Majesté le 15° septembre 1665. Recueilli par Philidor l'aîné en 1690. » Nous n'avons plus rien à dire de la dédicace qui remplit le second feuillet: elle est identique avec celle qu'on a lue au tome IV, p. 67. A l'égard du texte parlé de Molière (pour le musicien, c'était l'accessoire), il suffira de constater que la transcription en a été faite d'après un imprimé, celui de 1682, plus commode à copier qu'un original manuscrit; un seul renseignement de quelque intérêt y a été joint, et encore ne concernet-il que l'exécution du divertissement final; la copie n'apprend absolument rien qui se rapporte à la comédie, à la distribution de la pièce, rien non plus sur le personnel du chant et de la danse employé dans les intermèdes. Les feuillets de musique comptent seuls, et étaient bons à consulter, indépendamment même de l'œuvre de Lully, que son admirateur y a disposée d'une main si fidèle et si élégante; ils ont fourni à notre édition quelques variantes de vers, et, ce qu'il nous faut particulièrement signaler, sans en vouloir d'ailleurs exagérer le prix, tout un couplet inédit de Molière (voyez ci-après, p. 352, note 2). Telle que nous la donne Philidor, la partition composée pour le prologue, les entr'actes et le ballet final de l'Amour médecin représenté à la cour, comprend les airs de danse et les morceaux de chant dont voici l'énumération :

Au PROLOGUE, 1o une Ouverture en forme de Chaconnea, ainsi

a Il a mis sur la page 1 de l'Ouverture l'étiquette imprimée, également apposée sur le volume du Mariage forcé: « Ce livre appartient à Philidor l'aîné, etc. voyez tome IV, p. 12, note 1.

D'une autre main est écrit: Musique de Lully, attribution qui, dans le manuscrit, résulte clairement de l'épitre adressée au Roi sur le feuillet suivant. Molière n'est pas nommé; mais Philidor savait bien qu'en 1690 personne n'ignorait de qui est l'Amour médecin. Tous les autres titres du manuscrit, et en particulier le titre courant, portent, au lieu de comédie et ballet, invariablement comédie-ballet.

Les différences paraissent être tout accidentelles; pas une peut-être ne serait à relever; nous avons noté les moins insignifiantes.

d Cette symphonie et en général tous les airs de ballet sont écrits à cinq parties voyez tome IV, p. 6, note a,

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