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à une cause appelée. Enfin il s'en est trouvé qui, le jour même qu'ils ont pris une ville, du moins par leurs beaux discours, ont manqué de diner (15). Je ne crois pas qu'il y ait rien de si misérable que la condition de ces personnes : car quelle est la boutique, quel est le portique, quel est l'endroit d'un marché public où ils ne passent tout le jour à rendre sourds ceux qui les écoutent, ou à les fatiguer par leurs mensonges?

NOTES.

(1) Théophraste désigne ici par un seul mot l'habitude de forger de fausses nouvelles. M. Barthelemy a imité une partie de ce caractère à la suite de ceux sur lesquels j'ai déjà fait la même remarque.

(2) Littéralement : « Et il l'interrompra en lui demandant : >> Comment! on ne dit donc rien de plus nouveau? »

(3) L'usage de la flûte, très-ancien dans les troupes. La Bruyère.)

(4) Le grec porte : « Qui arrivent de la bataille même. »

(5) Je crois avec M. Coray qu'il faut traduire; « Car il a >> soin de choisir des autorités que personne ne puisse re

>>cuser. »

(6) Arrhidée, frère d'Alexandre le Grand. (La Bruyère.)

(7) Capitaine du même Alexandre. (La Bruyère.)

(8) C'étoit un faux bruit; et Cassandre, fils d'Antipater, disputant à Arrhidée et à Polysperchon la tutelle des enfants

d'Alexandre, avoit eu de l'avantage sur eux. (La Bruyère.) D'après le titre et l'esprit de ce caractère, il n'y est pas question de faux bruits, mais de nouvelles fabriquées à plaisir par celui qui les débite.

(9) Plus littéralement : « Que le bruit s'en est répandu » dans toute la ville, qu'il prend de la consistance, que tout >> s'accorde, et que tout le monde donne les mêmes détails sur >> le combat. >>

(10) Le texte ajoute: « Qui en sont tout changés. » Cassandre favorisoit le gouvernement aristocratique établi à Athènes par son père; Polysperchon protégeoit le parti démocratique. (Voyez la note 17 du Discours sur Théophraste.)

(11) Au lieu de, « Ensuite, etc., » le grec porte, « Et, ce qui est à peine croyable, en racontant tout cela, il fait les >> lamentations les plus naturelles et les plus persuasives. »

>>

(12) La réflexion, « car enfin, etc., » est tirée de quelques

mots grecs dont on n'a pas encore donné une explication sa

tisfaisante, et qui me paroissent signifier tout autre chose. Le nouvelliste a débité jusqu'à présent son conte comme un bruit public, et dans la phrase suivante il en fait un secret : cette variation a besoin d'une transition; et il me paroît que ce passage, qui signifie littéralement «< mais alors étant devenu fort, » est relatif au conteur, et veut dire, « mais ayant fini » par se faire croire. » On sait qu'en grec le verbe dérivé de l'adjectif qu'emploie ici Théophraste signifie au propre je m'efforce, et au figuré j'assure, j'atteste.

(13) « M'étonnent: »>

(14) Voyez le chapitre de la Flatterie. (La Bruyère, chap. 11, note 1.)

D

(15) Plus littéralement, « Qui ont manqué leur dîner en » prenant quelques villes d'assaut, c'est-à-dire qui, pour avoir fait de ces contes, sont venus trop tard au dîner auquel ils devoient se rendre.

CHAPITRE IX.

de l'effronterie causée par l'avarice (1).

Pour faire connoître ce vice, il faut dire que c'est un mépris de l'honneur dans la vue d'un vil intérêt. Un homme que l'avarice rend effronté ose emprunter une somme d'argent à celui à qui il en doit déjà, et qu'il lui retient avec injustice (2). Le jour même qu'il aura sacrifié aux dieux, au lieu de manger religieusement chez soi une partie des viandes. consacrées (3), il les fait saler pour lui servir dans plusieurs repas, et va souper chez l'un de ses amis; et là, à table, à la vue de tout le monde, il appelle son valet, qu'il veut encore nourrir aux dépens de son hôte ; et lui coupant un morceau de viande qu'il met sur un quartier de pain: Tenez, mon ami, lui dit-il, faites bonne chère (4). Il va lui – même au marché acheter des viandes cuites (5); et, avant que de convenir du prix, pour avoir une meilleure composition du marchand, il le fait ressouvenir qu'il lui a autrefois rendu service. Il fait ensuite peser ces viandes, et il en entasse le plus qu'il peut s'il en est empêché par celui qui les lui vend, il jette du moins quelques os dans la balance : si elle peut tout contenir, il est satisfait; sinon, il ramasse sur la table

des morceaux de rebut, comme pour se dédommager, sourit, et s'en va. Une autre fois, sur l'argent qu'il aura reçu de quelques étrangers pour leur louer des places au théâtre, il trouve le secret d'avoir sa part franche du spectacle, et d'y envoyer (6) le lendemain ses enfants et leur précepteur (7). Tout lui fait envie, il veut profiter des bons marchés, et demande hardiment au premier venu une chose qu'il ne vient que d'acheter. Se trouve-t-il dans une maison étrangère, il emprunte jusqu'à l'orge et à la paille (8); encore faut-il que celui qui les lui prête fasse les frais de les faire porter jusque chez lui. Cet effronté, en un mot, entre sans payer dans un bain public, et là, en présence du baigneur, qui crie inutilement contre lui, prenant le premier vase qu'il rencontre, il le plonge dans une cuve d'airain qui est remplie d'eau, se la répand sur tout le corps (9): « Me voilà lavé, ajoute-t-il, autant que j'en ai be>> soin, et sans en avoir obligation à personne; » remet sa robe, et disparoît.

NOTES.

(1) Le mot grec ne signifie proprement que l'impudence, et Aristote ne lui donne pas d'autre sens; mais Platon le definit comme Théophraste. (Voyez les notes de Casaubon.)

(2) On pourroit traduire plus exactement « à celui auquel >> il en a déjà fait perdre, ou, d'après la traduction de M. Levesque, » à celui qu'il a déjà trompé.

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(3) C'étoit la coutume des Grecs. Voyez le chapitre du

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