Page images
PDF
EPUB

devront l'instruire de tout ce qui se passera d'intéressant ou de curieux soit en France, soit dans les pays étrangers.

8 janvier.-On continue à l'opéra les représentations d'Armide. Pillot succède à Géliote sans le remplacer. Miles Chevalier, Arnoult et Le Mierre remplissent les rôles de femmes. M. Rebel, l'un des directeurs de l'opéra, a été décoré du cordon de SaintMichel.

26 janvier.-On publie une foule de couplets satiriques sur les prélats réunis par le Roi pour étudier les constitutions des Jésuites.

27 janvier.— Voici un fragment d'une lettre attribuée au père Neuville au sujet de la Société des Jésuites : « La nuit du préjugé est trop profonde et la tempête trop violente : nous n'échapperons pas à ce naufrage. Je ne sais pas ce que l'État gagnera à la destruction de la Société; je souhaite que la religion n'y perdre rien. Il est vrai que le suffrage des évêques a été hautement en notre faveur (1); mais il ne fermera pas le tombeau ouvert pour nous; il ne servira que d'une épitaphe honorable.»

31 janvier. On avait répandu le bruit du retour à Paris de M. de Voltaire; cet homme illustre a écrit à M. l'abbé d'Olivet qu'il ne songeait nullement à quitter son lac, aux bords duquel il se trouve, dit-il, heureux comme un roi.

24 février.- Le Procureur général du Parlement de Bretagne, M. de la Chalotais, a prononcé contre les Jésuites un réquisitoire dans lequel il attaque l'éducation donnée par eux à la jeunesse. Il propose un nouveau plan d'études.

appartenant à toutes les classes de la société du XVIIIe siècle. Le présent volume aurait été augmenté du double, si nous n'avions résisté au désir de fournir sur chaque point les explications nécessaires. On n'oubliera pas d'ailleurs que la présente publication n'est pas une histoire, mais bien un recueil de matériaux mis entre les mains des historiens qui sauront bien compléter les notes que leur fournissent nos archives.

(1) Sur quarante évêques réunis chez M. le cardinal de Luynes, trente-quatre avaient été d'avis de conserver l'institut tel qu'il était.

4 mars. On annonce un opéra comique de M. de Marmontel, tiré de son conte d'Annette et Lubin; la musique serait de M. de la Borde.

17 mars. Dardanus, musique de Rameau, paroles de La Bruyère, a été représenté aujourd'hui à l'opéra.

25 mars. - On annonce la mort de M. l'abbé La Caille, membre de l'Académie royale des sciences; le célèbre astronome, dit-on, n'avait jamais été malade.

31 mars. L'opéra d'Annette et Lubin a été représenté hier chez M. le maréchal de Richelieu, avec un grand succès.

13 avril. Une réponse au discours de M. de la Chalotais, attribuée au père Griffet, vient de paraître.

17 avril.-M. le duc de la Vallière et M. le comte de Lauraguais ont acheté la plupart des livres qui composaient la bibliothèque des Jésuites.

25 arril.-Le livre en réponse à M. de la Chalotais a été brûlé par arrêt du Parlement. Le père Griffet déclare n'en être pas l'auteur.

15 mai. Dans une estampe qui vient de paraître, on représente M. le duc de Choiseul et Mme la marquise de Pompadour qui arquebusent les Jésuites; le Roi les arrose d'eau bénite à mesure qu'ils tombent, et les membres du Parlement, la bêche à la main, sont occupés à leur creuser des fosses.

22 mai.-M. Jean-Jacques Rousseau publie en quatre volumes. in-8° un nouvel ouvrage, ayant pour titre Emile ou de l'Education, par J.-J. Rousseau, citoyen de Genève.

6 juin. La place de premier peintre du Roi, vacante depuis la mort de M. Coypel, vient d'être donnée à M. Vanloo.

18 juin. On avait plusieurs fois fait courir le bruit de la mort

de M. de Crébillon, membre de l'Académie française. C'est aujourd'hui seulement que l'auteur de Rhadamiste est décédé dans un âge fort avancé.

2 juillet.

La pension de 2,000 livres qu'avait M. de Crébillon

a été accordée à son fils.

7 juillet.-La Sorbonne s'occupe d'examiner le nouvel ouvrage de M. J.-J. Rousseau.

[ocr errors]

9 juillet. Sa Majesté, faisant une visite aux bureaux de la guerre, trouva dans celui de M. Dubois une paire de lunettes. « Voyons, dit-elle, si ces lunettes valent celles dont je me sers. On mit alors sous ses yeux un papier placé là tout exprès. C'était un brillant éloge du Roi et de M. de Choiseul. Ces lunettes, dit alors le Roi, en riant, ne valent pas mieux que les miennes : Elles grossissent trop les objets. »

31 juillet. Le sculpteur Bouchardon vient de mourir, avant d'avoir achevé la statue équestre du Roi, qui lui avait été commandée par la ville. Il a lui-même désigné pour son successeur M. Pigale.

8 août.La Compagnie de Jésus est dissoute: ses membres sont exclus pour jamais de l'éducation de la jeunesse, à moins qu'ils ne prêtent un serment dont la formule leur sera donnée.

12 août. On prétend que Monsieur le Dauphin se faisant lire au bain un article de la Gazette de Hollande, dans lequel il est question de la proscription du livre d'Émile, dit : « C'est fort bien fait, ce livre attaque la religion et trouble la société ; il ne peut servir qu'à rendre l'homme malheureux.—Il y a aussi, dit le lecteur, un autre livre du même auteur, le Contrat social.Quant à celui-là, c'est différent, reprit Monseigneur; il n'attaque que l'autorité des souverains; c'est une chose à discuter. Il y aurait beaucoup à dire, c'est plus susceptible de controverse. »

5 septembre. -- Voici une épitaphe composée à propos de la destruction de l'ordre des Jésuites:

[ocr errors]

Ci-gît un corps, le plus savant,
Le plus soumis, le plus fidele;
Détruit par le plus ignorant,

Le plus fougueux, le plus rebelle (1).

23 octobre. L'Impératrice de Russie a écrit à MM. Diderot et d'Alembert, pour les inviter à se rendre à sa Cour.

27 décembre.-M. Titon du Tillet, auteur du Parnasse français, vient de mourir dans un âge très-avancé.

ANNÉE 1763.

1er février. Il court une lettre sur la paix, attribuée à M. Thomas, secrétaire intime du ministre des affaires étrangères.

5 février. M. Goldoni a fait représenter hier aux Italiens une pièce intitulée l'Amour fraternel.

12 février. — M. de Marivaux, de l'Académie française, vient de mourir.

15 février.-M. d'Alembert n'a pas accepté l'offre que lui faisait l'Impératrice de Russie, de venir présider à l'éducation du Prince son fils.

20 février. Mme la duchesse d'Aiguillon vient de traduire en français un volume de poésies irlandaises.

[merged small][ocr errors][merged small]

(1). L'expulsion des Jésuites, déjà depuis longtemps provoquée par les Parlements et les philosophes, effrayés de leur prépondérance toujours croissante, fut hâtée par la banqueroute de 3 millions du père La Valette, préfet des missions aux Antilles. La Russie avait pris les devants en 1717; le Portugal en 1759. L'exemple de la France fut suivi par l'Espagne et Naples en 1767. En 1773, enfin, le Pape Clément XIV prononça la suppression de la compagnie de Jésus dans toute la chrétienté. On comptait alors environ vingt mille jésuites, dont quatre mille en France.

6 avril. Le feu s'est déclaré dans la salle de l'Opéra, entre onze heures et midi, et malgré tous les secours, la salle et l'aile de la première cour ont été embrasées; toutes les machines sont consumées.

31 mai. Sous le titre de Richesse de l'État, il vient de paraître une brochure dans laquelle on propose de répartir sur tous les sujets du Roi une imposition personnelle qui remplacerait toutes celles dont les diverses marchandises sont chargées, augmenterait de beaucoup les ressources de la Couronne, permettrait au gouvernement de satisfaire à ses engagements et assurerait la liberté du commerce. L'auteur, M. Roussel, conseiller au Parlement, a résumé dans cette brochure les doctrines émises par MM. de Vauban, de Boulainvilliers, Mirabeau et autres savants et économistes

26 juin. Le Parlement a rendu le 8 de ce mois un arrêt provisoire qui, sans proscrire l'inoculation, suivant les conclusions des gens du Roi, ordonne les précautions les plus sévères pour pratiquer ce traitement; on demandera l'avis des facultés de médecine et de théologie avant de statuer définitivement.

11 juillet.

Le comte de Lauraguais a pris la défense de l'inoculation dans un mémoire où il attaque violemment l'arrêt du Parlement.

[ocr errors]

16 juillet. M. le comte de Lauraguais a été arrêté hier, et conduit par ordre du Roi à la citadelle de Metz.

16 août.-M. Forbonnais, auteur d'un ouvrage fort savant, intitulé Considérations sur les Finances, vient d'être exilé dans ses terres par M. le contrôleur général, à cause d'un nouveau livre de cet écrivain, ayant pour titre le Coup d'œil d'un Citoyen.

25 août.- Le salon a été ouvert au milieu d'une affluence considérable de visiteurs. Les ouvrages qui semblent avoir attiré le plus l'attention sont: le tableau de M. Vanloo, représentant les trois Grâces enchaînées de fleurs par l'Amour; la Chasteté de

« ՆախորդըՇարունակել »