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kaviens bosniaques bien avant que l'illyrisme de 1830 n'amenât les Croates de Zagreb à adopter, par le pacte de 1850, le dialecte herzégovinien de Vuk Karadžić. Le rôle de Vuk Karadžić apparaît ainsi sous un jour tout nouveau. En remplaçant le mélange de russe, de serbe et de slavon qui servait aux Serbes de langue littéraire depuis Dositej Obradović. et qui était très éloigné de la langue du peuple, par son dialecte natal herzégovinien, Vuk Karadžić n'a pas a proprement parler fondé la langue serbo-croate moderne, mais il a rendu le mouvement illyrien de 1830 possible, en lui permettant de s'appuyer sur une langue comprise du peuple et fondée sur un parler très central. D'ailleurs le nom de l'illyrisme lui-même ne remonte pas seulement à l'Illyrie napoléonienne, mais à la Réforme, qui, sur le modèle de l'humanisme, remplaçait volontiers les dénominations ethnographiques modernes par des dénominations grécoromaines. En concluant M. Murko montre que la conception moderne de l'unité yougoslave date du XVIe siècle et que le mérite de l'avoir eue revient aux Réformateurs protestants. En effet, dans les siècles antérieurs, ni le plus puissant des tsars bulgares, Siméon, ni le plus puissant des tsars serbes, Stephan Dušan n'avaient eu d'autre idée que de conquérir Byzance pour s'y faire couronner empereurs, et c'est parce qu'ils n'ont pas eu l'idée d'établir leur puissance sur une base ethnographique et linguistique solide que leurs empires ont été caducs. Le royaume actuel des Serbes, Croates et Slovènes, tel qu'il s'est constitué après la grande guerre, est donc l'aboutissement d'un mouvement d'idées qui remonte, non pas seulement à l'illyrisme romantique comme on le croyait jusqu'à présent, mais à la Réforme protestante. M. Murko termine en passant en revue la littérature très riche et trop peu connue déjà publiée sur ce sujet. Largement informé, résultat de longues recherches et d'un effort de synthèse témoignant d'une érudition vaste et minutieuse, le livre de M. Murko est extrêmement suggestif. En faisant apparaître plusieurs questions de première importance sous un jour entièrement nouveau, il renouvelle complètement l'histoire de la formation intellectuelle et linguistique des Slaves du Sud, qui, grâce à son très beau livre, au récent livre de Marguliés sur le Suprasliensis, et aux toutes prochaines thèses de M. A. Vaillant sur la formation de la langue littéraire ragusaine, commence à sortir de l'obscurité qui l'enveloppait jusqu'à présent.

M. Ginsburger rend compte d'un petit ouvrage intitulé « Die Götter Griechenlands », dont l'auteur, le pasteur Bonin von Burckardt, veut prouver que les noms des dieux de la Grèce, sauf peut-être celui de Zeus, sont d'origine sémitique. M. Ginsburger montre que cette hypothèse est sans fondement. Des notes additionnelles de la plaquette sont consacrées à la question de l'Atlantide et de la forme primitive du serment. M. Ginsburger est d'avis que la première est sans valeur, tandis que la seconde pourrait avoir de l'intérêt, si l'auteur avait tenu compte d'un usage juif très ancien et qui montre que, chez les Juifs, il y eut, en effet, un rapport entre le serment et le cercle (öρкоç-Ɛρкоç) en ce sens que le serment devait être prêté dans une enceinte sacrée, dans le temple ou dans un cercle dessiné par terre et figurant le temple.

CONCOURS ET EXAMENS

Textes à traduire ou à commenter

Χρὴ δέ, ὦ Ιέρων,

PHILOLOGIE CLASSIQUE

Version grecque (Licence)
pour le 24 novembre 1928

Conseils à un tyran

οὐδ ̓ ἀπὸ τῶν ἰδίων κτημάτων ὀκνεῖν δαπανἂν εἰς τὸ κοινὸν ἀγαθόν. Καὶ γὰρ ἔμοιγε δοκεῖ τὰ εἰς τὴν πόλιν ἀναλούμενα μᾶλλον εἰς τὸ δέον τελεῖσθαι ἢ τὰ εἰς τὸ ἴδιον ἀνδρὶ τυράννῳ. Καθ ̓ ἓν δ ̓ ἕκαστον σκοπῶμεν· οἰκίαν πρῶτον ὑπερβαλλούσῃ δαπάνη κεκαλλωπισμένην μᾶλλον ἡγεῖ κόσμον ἄν σοι παρέχειν ἢ πᾶσαν τὴν πόλιν τείχεσί τε καὶ ναοῖς καὶ παραστάσι καὶ ἀγοραῖς καὶ λιμέσι κατεσκευασμένην; Οπλοις δὲ πότερον τοῖς ἐκπαγλοτάτοις αὐτὸς κατακεκοσμημένος δεινότερος ἂν φαίνοιο τοῖς πολεμίοις ἢ τῆς πόλεως ὅλης εὐόπλου σοι οὔσης; Προσόδους δὲ ποτέρως ἂν δοκεῖς πλείονας γίγνεσθαι, εἰ τὰ σὰ ἰδίᾳ μόνον ἐνεργά ἔχοις ἢ εἰ τὰ πάντων τῶν πολιτῶν μεμηχανημένος εἴης ἐνεργά εἶναι; Τὸ δὲ πάντων κάλλιστον καὶ μεγαλοπρεπέστατον νομιζόμενον εἶναι ἐπιτήδευμα ἁρματοτροφίαν, ποτέρως ἂν δοκεῖς μᾶλλον κοσμεῖν, εἰ αὐτὸς πλεῖστα τῶν Ἑλλήνων ἅρματα τρέφοις τε καὶ πέμποις εἰς τὰς πανηγύρεις, ἢ εἰ ἐκ τῆς σῆς πόλεως πλεῖστοι μὲν ἱπποτρόφοι εἶεν, πλεῖστοι δ' ἀγωνίζοιντο; Νικἂν δὲ πότερα δοκεῖς κάλλιον εἶναι ἅρματος ἀρετῇ ἢ πόλεως ἧς προστατεύεις εὐδαιμονίᾳ; Ἐγὼ μὲν γὰρ οὐδὲ προσήκειν φημὶ ἀνδρὶ τυράννῳ πρὸς ἰδιώτας ἀγωνίζεσθαι. Νικῶν μὲν γὰρ οὐκ ἂν θαυμάζοιο ἀλλὰ φθονοῖο, ὡς ἀπὸ πολλῶν οἴκων τὰς δαπάνας ποιούμενος, νικώμενος δ ̓ ἂν πάντων μάλιστα καταγελῷο. ̓Αλλ ̓ ἐγώ σοί φημι, ὦ Ἱέρων, πρὸς ἄλλους προστάτας πόλεων τὸν ἀγῶνα εἶναι, ὧν ἐὰν σὺ εὐδαιμονεστάτην τὴν πόλιν ἧς προστατεύεις παρέχης, εὖ ἴσθι νικῶν τῷ καλλίστῳ καὶ μεγαλοπρεπεστάτῳ ἐν ἀνθρώποις ἀγωνίσματι.

Thème grec.

(pour le 15 novembre 1928)

Sur la désignation des magistrats par voie de tirage au sort. Mieux vaut comprendre que critiquer. Le tirage au sort a été inventé en des temps lointains où les hommes ne connaissaient pas de meilleur moyen pour faire désigner leurs chefs par leurs dieux. Il a été conservé par des générations plus récentes à qui le jugement de Dieu offrait l'avantage d'apaiser les sanglantes rivalités des grandes familles. maintenant il ne cessait pas, même dans les cités oligarchiques, d'amortir les dissensions des partis, en empêchant une faction victorieuse de faire prévaloir la tyrannie majoritaire dans tout le gouvernement, dans

Et

toutes les administrations, et d'exaspérer ainsi l'opposition; il supprimait la plaie des manoeuvres électorales, et Aristote cite l'exemple d'Héraia en Arcadie, où l'élection fut supprimée parce qu'elle favorisait l'intrigue.... Il faut reconnaître, d'ailleurs, que les inconvénients du tirage au sort étaient fortement atténués dans la pratique. Les incapables étaient retenus d'y participer par la crainte du ridicule; les gens de probité douteuse par la perspective de la docimasie.

G. Glotz, La cité grecque, p. 249.

Thème latin

(à remettre à M. Boulanger le 16 novembre; Correction, 23 novembre). (Certificat de Latin)

Denys se moquait des musiciens qui accordent leurs flûtes et n'accordent pas leurs mœurs, des orateurs qui étudient à dire justice, non à la faire. A quoi faire la science, si l'entendement n'y est? Or, il ne faut pas attacher le savoir à l'âme, il l'y faut incorporer. Il ne l'en faut pas arroser, il l'en faut teindre et s'il ne la change et améliore son état imparfait, il vaut beaucoup mieux le laisser là. C'est un dangereux glaive et qui empêche et offense son maître s'il est en main faible et qui n'en sache l'usage. Nous prenons en garde les opinions et le savoir d'autrui et puis c'est tout: il les faut faire nôtres. Me veux-je armer contre la crainte de la mort? c'est aux dépens de Sénèque. Veux-je tirer de la consolation pour moi ou pour un autre ? je l'emprunte de Cicéron. Je l'eusse prise en moi-même si on m'y eût exercé. Que nous sert-il d'avoir la panse pleine de viande si elle ne se digère, si elle se transforme en nous, si elle ne nous augmente et fortifie?

(d'après Montaigne, I, 24.)

Version latine

(Agrégations des Lettres et de Grammaire)

(A remettre à M. Boulanger le 22 novembre; Correction le 29 novembre.)

Postquam litteris Sulpicii consulis, cui Tarquinii provincia evenerat, cognitum est depopulatum agrum circa Romanas salinas prædæque partem in Cæritum fines avectam et haud dubie juventutem ejus populi inter prædatores fuisse, T. Manlius, dictator factus, ex auctoritate patrum ac populi jussu Ceritibus bellum indixit. Tum primum Cærites, tanquam in verbis hostium vis major ad bellum significandum quam in suis factis, qui per populationem Romanos lacessierant, esset, verus belli terror invasit, et, quam non suarum virium ea dimicatio esset, cernebant; pænitebatque populationis, et Tarquinienses exsecrabantur defectionis auctores; nec arma aut bellum quisquam apparare, sed pro se quisque legatos mitti jubebat ad petendam erroris veniam. Legati senatum cum adissent, ab senatu rejecti ad populum deos rogaverunt, quorum sacra bello Gallico

accepta rite procurassent, ut Romanos florentes ea sui misericordia caperet, quæ se rebus affectis quondam populi Romani cepisset; conversique ad delubra Vestæ hospitium flaminum Vestaliumque ab se caste ac religiose cultum invocabant: eane meritos crederet quisquam hostes repente sine causa factos? aut, si quid hostiliter fecissent, consilio id magis quam furore lapsos fecisse, ut sua vetera beneficia, locata præsertim apud tam gratos, novis corrumperent maleficiis florentemque populum Romanum ac felicissimum bello sibi desumerent hostem, cujus afflicti amicitiam petissent? Ne appellarent consilium, quæ vis ac necessitas appellanda esset. Transeuntes agmine infesto per agrum suum Tarquinienses, cum præter viam nihil petissent, traxisse quosdam agrestium populationis ejus, quæ sibi crimini detur, comites. Eos seu dedi placeat, dedere se paratos esse, seu supplicio affici, daturos pœna's. Cære, sacrarium populi Romani, deversorium sacerdotum ac receptaculum Romanorum sacrorum, intactum inviolatumque crimine belli hospitio Vestalium cultisque diis darent. Movit populum non tam causa præsens quam vetus meritum, ut maleficii quam beneficii potius immemores essent. Itaque pax populo Cæriti data, indutiasque in centum annos factas in æs referri placuit.

Thème latin

(A remettre à M. Boulanger le 15 novembre. Correction le 22 novembre.) La science étymologique est, selon le caractère des recherches, ou une curiosité tantôt facile, tantôt paradoxale, ou une étude féconde, qui d'un côté tient à la partie la plus obscure de l'histoire, de l'autre à l'analyse de l'esprit humain, à l'invention des langues et à la perfection de la parole. Pour nos langues de filiation latine en particulier, indiquer à côté du terme moderne le mot latin d'où il dérive, c'est faire peu de chose et parfois se tromper: car parfois le terme latin avait lui-même une racine septentrionale à laquelle touchaient avant la conquête romaine les anciens habitants de notre sol qu'on appelle nos pères. De plus lors même que la dérivation du mot latin vers nous est évidente, souvent le mot, expressi? à son origine, est devenu pour nous sans couleur. Le dictionnaire qui, aú mot «rival», ajoutera pour racine le mot latin « rivalis » ne m'apprend rien s'il ne m'explique comment les laboureurs latins et les jurisconsultes romains appelaient << rivales » les deux riverains qui se partageaient et souvent se disputaient un ruisseau pour arroser leur pré et comment ce mot a pris de là un sens moral, éloigné du terme primitif. Il en est de même de presque tous les mots.

Villemain, Préf. à la 6e éd. du Dict. de l'Académie.

Conférence d'histoire du moyen âge. Explication de textes relatifs aux institutions carolingiennes.

NOTE CONCERNANT L'EXPLICATION DES TEXTES

Pour préparer l'explication, il sera presque toujours indispensable d'avoir recours à l'édition dont le texte ci-dessous ne donne qu'un extrait, sans l'appareil critique, les notes, le lexique et tous autres instruments de travail que les éditeurs mettent, avec plus ou moins de générosité, à la disposition des lecteurs.

La plupart des textes peuvent être convenablement expliqués en se servant des ouvrages généraux sur les institutions carolingiennes, dont les principaux vont être indiqués. Ces ouvrages renvoient d'ailleurs aux travaux plus spéciaux. Lorsqu'un texte, pour être compris et commenté, exige la consultation d'un livre ou article portant sur un sujet particulier, on trouvera les références nécessaires en note.

Orientation générale.

E. Lavisse, Histoire de France, t. II, 1 (les Carolingiens traités par A. Kleinclausz, histoire politique et C. Pfister, « origines du régime

féodal »).

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L. Halphen, Les Barbares, Paris, 1926 (peu de chose sur les institutions).

Institutions.

En français: A. Esmein, Cours élémentaire d'histoire du droit français, 14e éd., Paris, 1921.

E. Chénon, Histoire générale du droit français, Paris, 1926.

En allemand: G. Waitz, Deutsche Verfassungsgeschichte, t. III et IV, 2e éd., Kiel 1883 et Berlin 1885 (très complet, très clair; recherches aisées). H. Brunner, Deutsche Rechtsgeschichte, 2e éd., 2 vol., Munich et Leipzig, 1906 et 1928. R. Schröder, Lehrbuch der deutschen Rechtsgeschichte, t. I, Leipzig, 1919 (ces deux ouvrages confondent dans un même exposé les périodes mérovingienne et carolingienne; le premier, lucide et intelligent, le meilleur certainement de son espèce, est malheureusement incomplet; le second est un manuel d'étudiants, très dense).

On fera bien de se reporter aussi aux t. III (L'Alleu et le domaine rural), IV (Les origines du régime féodal), V (Les transformations de la royauté pendant l'époque carolingienne) de l'Histoire des Institutions politiques de l'ancienne France, de Fustel de Coulanges; mais noter que les t. III et IV, en principe, sinon toujours en fait, se rapportent à l'époque mérovingienne et que le t. V, constitué, après la mort de l'auteur, à l'aide de diverses études, imprimées et manuscrites, qu'il avait rédigées à intervalles assez éloignés, est le moins bien au point de tout l'ouvrage.

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