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DIRECTION ET ÉDITION

COMMISSION DES PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES
DE L'UNIVERSITÉ DE STRASBOURG

Adresser toutes les communications relatives à la rédaction à M. MAUGAIN
Doyen de la Faculté des Lettres, Palais de l'Université, Strasbourg.

LES PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES
sont en dépôt à la

SOCIÉTÉ D'ÉDITION DES BELLES-LETTRES, 95, Boulevard Raspail, Paris VI

En vente chez tous les Libraires.

7e ANNÉE

No 6

1929 1er AVRIL

APERÇU BIBLIOGRAPHIQUE

de l'Etat actuel de la Linguistique caucasienne')

Pour l'étude des langues du Caucase dans leur ensemble, l'on était jusqu'ici faiblement outillé. Comme ouvrage fondamental nous avions l'imposante série de matériaux recueillis par le général von Uslar. A base de cette matière brute avaient été rédigés par l'émi nent linguistique Fr. A. v. Schiefner des monographies grammaticales et lexicologiques sur les langues Abchase (1863), Tchétchéne (1864), Dargua-Lesghienne (1866), Kurino-Lesghienne (1873); en outre des essais plus approfondis sur le thouchétien (1856), Avarolesghien (1862, 72, 73) Udique-lesghien (1863). En 1895, R. v. Erckert publia enfin son grand travail Die Sprachen des Kaukasischen Stammes, ouvrage composé d'une série kaléïdoscopique de petites chrestomathies ou esquisses grammaticales sur tous les idiomes des tribus montagnardes du Caucase alors connus. C'est ce livre remarquable, prologué et patronné par le linguiste Frédéric Muller, qui initia d'abord le monde occidental à la linguistique caucasienne; car les travaux d'Uslar (écrits en russe), et ceux de Schiefner, contenus dans les Mémoires de l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg, étaient, sauf de rares exceptions, destinés à rester lettre morte pour les savants occidentaux, auxquels généralement ces produits de la science russo-baltique restaient inaccessibles. Cependant, le grand manuelcompendium de v. Erckert, malgré tous ses mérites incontestés pour le défrichement de ce domaine linguistique quasi vierge, se montrait défectueux sous de nombreux rapports: l'auteur avait recueilli ses matériaux pour la plupart de seconde main; de là de nombreuses inexactitudes de détail ainsi que des théories et combinaisons mal fondées ou même erronées.

L'ouvrage de M. Dirr vient donc fort à propos pour remédier à cet inconvénient. Il se divise en trois grandes parties: 1. Langues

1) D'après le livre d'Adolf DIRR, Einführung in das Studium der Kaukasischen Sprachen, mit einer Sprachkarte. Leipzig, Ed. Asia Major, 1928, 380 p.

ponto-caucasiennes (ou idiomes du nord-ouest): Abchasien, Ubyche, Circassien; II. Langues du sud-ouest ou carthvéliniennes: georgien, mingrélien, laze, souanéthique; III. Langues du nord-ouest ou caspi-caucasiennes: 1) Groupe tchétchéne ou nakhtchuoi comportant tchétchéne proprement dit, l'ingouche, le batsique: 2) Groupe lesghien ou daghestanique, dont les idiomes suivants: l'aware, andique, les langues de Botlich, de Godoberi, de Karata, de Kuanada Bagulalien), de Tschamalal (Hihatl), de Tindi, de Achwach; en plus les idiomes Dido, Chwarchini, Kaputchini, Aghulien; puis le Kurinique, Djek, Buduch, Chinalug, Rutulien, Tsachurien, Udique.

Bref, il s'agit d'un recueil encyclopédique d'environ 35 idiomes, dont l'auteur, compétent comme nul autre sur ce domaine ardu, nous fournit des esquisses grammaticales, tracées de main de maître et illustrées par des échantillons de textes propres à élucider l'échafaudage compliqué et enchevêtré de ces types linguistiques.

La 1ère partie fait bien ressortir la différence morphologique entre le type abchasien, idiome à préfixes, et le circasso-cerkessien, qui opère par suffigation à l'instar de l'ouralien et du basque. Un troisième idiome, l'ubyche, ne nous était guère connu que de nom jusqu'ici. C'est grâce à une monographie particulière, de M. Adolf Dirr, intitulée Die Sprache der Ubychen, Grammatische Skizzen, Texte, Ubychisch. Glossar, parue à Leipzig au début de 1928, que le monde des Linguistes et ethnologues a pour ainsi dire été mis inopinément devant le fait de la découverte de cette nouvelle langue. Les traités succincts que nous possédions jusqu'ici sur cette matière, à savoir sur le circassien, les grammaire et glossaire du Hongrois Balint, sur l'abchasien les essais grammaticaux de Schiefner et de N. Marr, se trouvent ainsi utilement complétés et rectifiés.

Pour la seconde section, les langues carthvéliennes, il existait jusqu'ici les grammaires de Brosset (français), de Tchoubinoff (russe), de Marr (russo-gruzin) et de Dirr pour le géorgien proprement dit, celle de N. Marr pour le lazique (en russe), celle de Kipchidzé du mingrélien. L'excellente analyse grammaticale que M. Dirr a dédiée dans le présent ouvrage (p. 57-130) à ce complexe linguistique, est faite pour mettre au point bien des questions litigieuses. Nous nous bornons ici à relever sa discussion sur le caractère soi-disant passif du verbe géorgien-carthvélique. M. Hugo Schuchardt avait cherché à le démontrer dans une plaquette (Der passive Charakter des Verbums im Georgischen), écrite spécialement à ce sujet. Le regretté linguiste N. Finck, le mettait en controverse, tendant plutôt à interpréter sur base nominale le type du verbe de ces langues. M. Dirr, qui voue un chapitre entier à cette question (pp. 62 sqq.), semble avoir définitivement tranché la question en indiquant une voie moyenne entre les deux théories adoptées jusqu'ici.

La IIIe partie de cet ouvrage, celle sur les idiomes caspi-caucasiens ou daghestaniens, nous paraît la plus forte, la plus utile. C'est que nous possédions déjà une demi-douzaine, sinon même da

vantage, de grammaires et chrestomathies ayant trait à une série de langues lesghiennes et composées par M. A. Dirr lui-même: grammaires de la langue udine (Sbornik, tome 33), du Tabassaranique (ibid. t. 35), de l'idiome andique (ibid. t. 36), de la langue agulienne (ibid. t. 37), de l'idiome arcini (ibid. t. 36) du rutulo-lesghien (ibid. 42), du tsakhourique (ibid. t. 43), chrestomathie des langues andi-didoïennes (ibid. t. 40). Tous ces excellents traités sur ces différents idiomes lesghiens avaient, il est vrai, paru dans la grande bibliothèque périodique russe intitulée Sbornik materialow dlya opicaniya miestnosteï i plemien Kawkaza (Recueil de matériaux pour la description des régions et peuples du Caucase, Tiphlis), et étant composés en russe, étaient condamnés à rester généralement inaccessibles au public érudit d'occident. C'est pourquoi leur remaniement en allemand et apparition dans le corps du présent ouvrage encyclopédique sera certainement saluée par les linguistes européens comme un événement important, propre à lever enfin le voile suspendu si longtemps au-dessus de ces parages ethnologiques du Caucase tourano-caspien. Par suite d'un scrupule peut-être excessif, l'auteur s'est borné pour certains de ces idiomes à des esquisses quelque peu maigres et rudimentaires, n'osant pas se fier aux matériaux de ses devanciers, d'Erckert, Schiefner, Uslar. En revanche, nous avons l'avantage de nous sentir en terrain solide et dorénavant linguistes et ethnologues pourront sans crainte d'être mal renseignés se confier entièrement à cet excellent Manuel sommaire que vient de nous livrer M. Dirr sur les langues du monde caucasique.

L'usage pratique de ce livre sera facilité par des appendices qu'il renferme. Listes explicites sur les noms numéraux, index grammatical, etc., etc. Mentionnons encore le chapitre introductoire sur le système phonétique des langues caucasiennes, qui contient des observations très précieuses sur les explosives aspirées, ainsi que les sons latéraux (tl. kl. etc.), si caractéristiques de certains membres de ce groupe.

L'ouvrage de M. Dirr remplacera très avantageusement celui du baron de Erckert (Sprache des Kaukas-Stammes) et paraît appelé à contribuer efficacement à l'étude et à l'approfondissement de la philologie caucasienne.

Il est plutôt sprachphilosophisch que «sprachvergleichend»; qu'il nous soit permis d'exposer encore brièvement ici la théorie de son auteur sur la question de la parenté des langues «caucasiennes».

Il n'y a pas de famille caucasienne uniforme et issue d'une souche commune, mais bien trois groupes distincts entre eux, issus de trois racines différentes: le groupe caspi-lesghien, le groupe carthvélien, le groupe pontique-caucasien. Ces trois groupes ne sont pas originaires ou autochtones au Caucase, mais d'origine exotique; le Caucase est un refugium gentium et ainsi ces trois groupes ethniques et linguistiques compris sous la dénomination commune de Caucasiques ont probablement leur habitat primitif dans d'autres

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