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inférieures, le thyroïde, lame cartilagineuse pliée en deux et dont la saillie antérieure constitue la << pomme d'Adam »; c'est une sorte de bouclier (Oupeóc) protecteur de l'appareil vocal. Enfin, à droite et à gauche du bord supérieur du cricoïde, et sur la face arrière, oscillent deux petits cartilages, de forme pyramidale, qu'on appelle les arythénoïdes. Les figures 2 et 3 donnent une idée de la position respective de ces cartilages.

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Les diverses pièces de cette charpente sont reliées entre elles par de petits muscles dont les plus importants sont les deux thyro-arythénoïdiens inférieurs, vulgairement appelés cordes vocales. Ils partent de l'angle rentrant du thyroïde et s'insèrent sur l'apophyse vocale interne de chaque arythénoïde. Au-dessus de ces thyro-arythénoïdiens, il y en a encore deux autres, appelés supérieurs, qui sont séparés des premiers par un espace qui porte le nom de ventricule de Morgagni. Leur rôle dans la phonation est très faible. Ce sont les fausses cordes vocales. Les figures 4 et 5 permettent de se représenter les unes et les autres.

Les muscles thyro-arthénoïdiens inférieurs entrant en vibration produisent un son.

A l'état de non-phonation, les cordes vocales sont écartées, et la glotte, c'est-à-dire l'espace laissé entre elles, affecte la forme d'un triangle, dont la base est en arrière; cf. fig. 4 et 6. Au moment de la phonation, les cordes vocales se rapprochent, mais sans se toucher complètement, et la glotte se rétrécit; cf. fig. 5 et 7. On dit qu'il y a adduction. Lorsque l'attitude vocale cesse, la glotte s'ouvre de nouveau; c'est le phénomène d'abduction. L'adduction et l'abduction sont dues à la contraction de différents muscles qui font opérer un mouvement de bascule aux arythénoïdes sur lesquels ils sont insérés. Les muscles de l'adduction sont les thyro-arythénoïdiens internes et externes et les arythénoïdiens obliques et transverse; les crico-arythénoïdiens latéraux et postérieurs commandent au contraire l'abduction.

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Mais l'adduction ne constitue que le premier temps du travail laryngien. Le rapprochement des cordes vocales s'oppose au passage de l'air venant des poumons. Par suite de cet obstacle, la pression de ce dernier augmente, et les cordes vocales s'écartent légèrement. Aussitôt la pression sous-glottique diminue, et les cordes vocales se rapprochent sous l'effet de la contraction des muscles thyro-arythénoïdiens et arythénoïdiens qui n'a pas cessé. De nouveau, l'air empêché de passer fait pression sur les cordes vocales, et ainsi de suite. Ce régime vibratoire produit un son, qui n'est pas encore la voix, mais seulement le son laryngien.

Plus la fréquence du mouvement vibratoire est grande, plus ce son est aigu; plus l'amplitude de l'oscillation est considérable, plus ce son est intense. D'autre part, la fréquence dépend ici de la tension de tout le système laryngien: tension des cordes vocales qui cherchent à rapprocher leurs insertions, tension des autres muscles qui, agissant sur le thyroïde et le cricoïde, luttent contre ce rapprochement. Cet antagonisme entraîne le raidissement et le durcissement des cordes vocales, et augmente la résistance qu'elles opposent au courant expiratoire. La hauteur du son laryngien est en fonction de cette résistance. Quant à

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l'amplitude de la vibration glottale, elle est proportionnelle à la pression de l'air venant des poumons. On ne dira rien du mécanisme délicat d'accommodation musculaire que suppose dans l'appareil laryngien toute augmentation de la pression sous-glottale.

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1 fosses nasales, 2 pharynx nasal,

3 pharynx buccal, 4 épiglotte,

5 pharynx guttural, 6 glotte, 7 œsophage, 8 trachée-artère, 9 cavité buccale,

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II. Résonateurs supralaryngiens..

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Le son laryngien est faible, criard, désagréable et sans couleur. Pour qu'il devienne ce qu'on appelle la voix, il lui faut l'office de résonateurs qui l'amplifient et l'étoffent.

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De même dans un jeu d'orgue le son de l'anche a besoin, a-t-on vu, d'être modifié par un tuyau de résonance.

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Chez l'homme, les résonateurs sont constitués par les cavités sus- et sous-glottiques, mais surtout par les cavités supralaryngiennes (pharynx, fosses nasales et cavité buccale) représentées dans la figure 8.

Sous l'action de la poussée aérienne venant du larynx, l'air de ces cavités, ou de quelques-unes d'entre elles seulement, entre lui-même en vibration, produisant des harmoniques qui se combinent avec le son laryngien (fondamental) et lui donnent le timbre de la voix humaine.

Ces cavités n'ayant exactement ni la même forme, ni le même volume chez tous les individus, il s'ensuit que les harmoniques aussi diffèrent et que chacun de nous possède son timbre naturel qui le caractérise.

De plus, chez un même individu, certaines de ces cavités peuvent, à des degrés divers, modifier leur forme et changer de volume. C'est le cas en particulier de la cavité buccale. D'autre part, nous pouvons utiliser l'ensemble des résonateurs supralaryngiens, ou ne pas utiliser certains d'entre eux, la cavité nasale par exemple. Les variations d'harmoniques qui en résultent ont pour effet de différencier notre voix et de lui donner le timbre particulier de a, e, i, v, z, etc.

I.

CHAPITRE III.

Les phonèmes.

Définition. Supposons les cordes vocales entrant en vibration sous l'action du courant expiratoire et varions l'emploi et la forme des résonateurs supra-laryngiens, des cavités buccale et nasale en particulier.

En utilisant comme résonateurs : a) La cavité buccale (ouverte) + la cavité nasale:

b) La cavité buccale (ouverte) sans la cavité nasale:

c) La cavité buccale (fermée) + et la cavité nasale:

d) La cavité buccale fermée complètement (pendant un certain temps) ou incomplètement, sans la cavité nasale:

On obtient les sons suivants:

ẽ (fr. fin), ã (fr. pan), õ (fr. bon), (fr. un), etc.

i (fr. fils), e (fr. dé), ę (fr. dais), a (fr. pas), ọ (fr. port), 9 (fr. pot), u (fr. fou), ü (fr. pur), œ (fr. peu), e (fr. peur), etc.

m, n, ǹ (esp. blanco), etc.

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Supposons, au contraire, que le courant expiratoire ne fasse pas vibrer les cordes vocales. Il n'y a pas de son laryngien ni, par conséquent, de voix proprement dite. Mais la poussée aérienne met en branle l'air des cavités supralaryngiennes qui produisent des harmoniques et

ces derniers, se combinant avec les bruits ou les bruissements engendrés par l'appareil phonateur, donnent aux uns ou aux autres une couleur spéciale qui permet de les différencier.

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On dit que é, ã, õ, œ, i, e, etc., h, þ, s, $, etc. sont des phonèmes. D'après ce qui précède, on peut les définir des éléments acoustiques du langage, caractérisés au point de vue physiologique par la présence ou l'absence de vibrations glottales et la forme ou l'emploi spécial des résonateurs supralaryngiens.

Si l'on tient compte de plus des clics et des articulations inspiratoires utilisés normalement par certains peuples primitifs (Hottentots, p. ex.), on peut compléter la définition précédente, en ajoutant que le phonème est aussi caractérisé par un mouvement inspiratoire, expiratoire ou nul de l'appareil respiratoire humain.

II. Division générale des phonèmes.

Certains phonèmes portent

le nom de voyelles; d'autres celui de consonnes.

On a essayé plusieurs fois d'établir les bases de cette distinction. On a défini la voyelle un élément nécessaire et suffisant pour constituer une syllabe (grammairiens grecs), et la consonne « un mode d'articulation du son qui varie suivant les mouvements de la langue ou des lèvres >> (Dict. Gén.). Enfin la voyelle serait cet élément du langage qui peut se prononcer seul, tandis que la consonne a besoin de l'appui d'une voyelle (Littré, P. Passy). Mais les consonnes peuvent à elles seules constituer une syflabe, et se prononcer sans l'aide d'une voyelle; cf. tchèque prst « doigt », allem. geritt(e)n, angl. ridd(e)n, et même en français les interjections s!, pst!. st!, etc. De plus, dire d'une consonne que c'est << un mode d'articulation du son », c'est admettre que toutes les consonnes comportent des vibrations glottales, ce qui n'est pas le cas de f, s, &, etc., par exemple. Si l'on examine les conditions physiologiques de leur production, on constate que pour les voyelles les cordes vocales vibrent toujours; que le résonateur buccal est toujours ouvert; que le résonateur nasal peut l'être (voyelles nasales) ou non (voyelles orales); enfin que l'effort musculaire 1) nécessaire pour la mise et la tenue en place des organes pho

1) Pour cette question de la tension musculaire, voir M. Maurice Grammont, L'Assimilation (Extrait du Bulletin de la Société de Linguistique, t. XXIV), Paris, H. Champion, 1923, pp. 5 ss., et M. Pierre Fouché, Etudes de phonétique générale (Publications de la Faculté des Lettres de Strasbourg, vol. 39), 1927, pp. 4 ss.

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