que par coutume momentanée dont on pourrait toujours s'affranchir sans tirer à conséquence pour la suprématie des deux pays. Les traités avec la Hollande et l'Espagne furent l'objet de protocoles particuliers, mais rédigés sous l'influence de la France. Au point de vue politique et national, en examinant la guerre glorieuse qui venait de s'accomplir et le traité qui en était la suite, on pouvait dire que la France, sous les Bourbons, était devenue la première des puissances. Après une lutte d'un siècle et demi sur le continent, elle s'était assurée de larges frontières, prêtes à s'accroître encore par l'acquisition des Pays-Bas. A l'abri désormais par ses alliances de toute guerre active ou immédiate, sur le Rhin et la Meuse, elle venait de librement déployer sa puissance maritime, et dans la première lutte engagée avec la Grande-Bretagne, elle restait si non victorieuse, au moins égale d'honneur et de fortune. Jusqu'alors on avait dit de la France : « Puissante sur terre, inférieure sur mer; » eh bien! sous Louis XVI, on peut dire : « Forte partout par les escadres aussi bien que par ses armées, à ce point d'exciter la jalousie de toute l'Europe.» Cet éclat brillant, elle ne le jetait pas seulement par ses forces actives et prépondérantes, par la puissance de ses soldats et de ses escadres, elle l'acquérait encore par ses alliances, par ses intimités habilement ménagées dans l'Amérique, elle faisait reconnaître l'indépendance d'un peuple; par la paix, elle acquérait deux colonies nouvelles, le Sénégal et Tabago. Dans l'Inde, le bailli de Suffren lui assurait une renommée jusqu'alors inconnue; ses alliés, les États-Généraux de Hollande et l'Espagne, venaient de combattre à ses côtés; Louis XVI proclamait le droit des neutres, et, sur ses sollicitations patriotiques, Catherine II se plaçait à la tête de la ligue des pavillons. Et cette monarchie si grande, si nationale sous une pensée traditionnelle qui va démolir sa prépondérance? qui va l'ébranler dans ses fondements? L'esprit de réforme désordonné, l'indicible ivresse qui porte les imaginations vers les doctrines étrangères, vers les systèmes de constitutions, de chartes anglaises, d'opposition publique. Il faut le dire, les écoles de Rousseau, de Mably et de l'abbé Raynal, ont reculé pour des siècles les magnifiques destinées de notre France ! FIN DU TOME SECOND. Opposition de lord - Insurrection des colonies anglaises. Action et prévision de la France. — Sa situation par rapport à l'Angleterre. Les premiers commissaires des insurgents. Alliance maritime avec l'Espagne et Naples. — Influence française à Stockholm. —Rupture du Danemarck avec l'Angleterre. Attitude de la France à Amsterdam. État des négociations avec l'Autriche, la Prusse et la Russie. L'ambassade française à Constantinople. Le cardinal de Bernis à Rome. Élection d'un nouveau pape. · Action de la France dans le conclave. Pensée de M. de Vergennes. Paix sur le continent. Nécessité de porter toutes les forces contre la Grande-Bretagne. (1774-1776.). CHAPITRE II. DÉVELOPPEMENT DE L'INDÉPENDANCE AMÉRICAINE JUSQU'A SA RECONNAISSANCE PAR LOUIS XVI. — Situation de l'Angleterre vis-à-vis de ses colonies. Le ministère de lord North. - L'opposition. - Résistance des colonies. - Premiers succès. Mouvement de l'opinion. - Agents américains en France. – Popularité de l'idée républicaine. — La noblesse. La Fayette. Armements clandestins. Beaumarchais. Les ports de Bordeaux et de Lorient. Plaintes de l'Angleterre. · Lord Stormont. Situation de M. de Vergennes. M. Gérard de Rayneval. - Démarches du docteur Francklin à Paris. Négociations de la France en Espagne. - Armements maritimes simultanés. État de la flotte sous le ministère de M. de Sartines. Les amiraux. - Le comte d'Orvillers. Le comte d'Estaing. Le bailli de Suffren. - M. de La MottePicquet. La France est prête à la guerre. Discussion du conseil. - Acte de reconnaissance. Départ de M. de Ray neval pour l'Amérique. Plaintes de l'Angleterre. médiation de l'Espagne. (1777-1778.). . CHAPITRE III. - DÉVELOPPEMENT DES HAINES PHILOSOPHIQUES CONTRE LA VIEILLE SOCIÉTÉ. Guerre à l'esprit chrétien.-Coalition des encyclopédistes. - Derniers temps de Voltaire à FerSon intérieur littéraire. — Pèlerinages philosophiques. - Ennuis de madame Denis. Conseil d'un voyage à Paris. ney. Le marquis de Villette. Ridicules ovations. Actes de catholicité. Colère des philosophes. - Voltaire à la Comédie française. - Sa mort. Rousseau. temps. Impuissance des éléments de résistance à ce dé- Diderot. CHAPITRE IV. — CHUTE DU SYSTÈME DES ÉCONOMISTES (M. TURGOT). PREMIÈRE ADMINISTRATION DES BANQUIERS (M. NECKER). - Causes qui soutiennent M. Turgot. Affaiblissement de son crédit. Mémoire au roi sur la municipalisation de la France. Remarquables observations de Louis XVI. - Opposition des propriétaires et des corps de métiers. Bouleversement de l'administration positive. Idéalisme de M. de Malesherbes. Système de perfectionnement absolu. Le roi décidé à demander la démission aux économistes. - Nécessité d'avoir de l'argent. - Ministres hommes d'État.-M. de Vergennes. - Organisation du ministère. - Appel de M. Necker. Abondance du numéraire. Merveilles du crédit.. Armée. Marine. Plan pour le cas de guerre. CHAPITRE V. La cour de LOUIS XVI AU MOMENT DE LA guerre. Les dames titrées de Versailles. Fêtes de la cour. Les chasses. Les bals. La comédie. bouderies de ménage.—Les veillées. — La comédie. — Voyages à Paris. Monsieur, comte de Provence à Brunoy. 67 96 brusqueries; son adresse pour tous les exercices. Son duel avec le duc de Bourbon. - Vie retirée du duc d'Orléans. - Madame de Montesson à Saint-Assise.. Le duc de Chartres. - Séparation des d'Orléans et des Condé. prince de Conti. Sa mort indifférente. Marche.. Richesse des Penthièvre. Le comte de La La vieille cour.- Les petits abbés de Bourbon, Le Duc et de Saint-Phar. - Esprit général de cette cour. dences. Versailles. Choisy. - Compiègne. (1777-1778.). CHAPITRE VI. ANGLAIS. PRÉPARATIFS DE LA GRANDE GUERRE CONTRE LES - M. Gérard de Rayneval aux États-Unis. Traité d'alliance offensive et défensive. Notification de ce traité à Londres par M. de Noailles. - Rédaction du manifeste par M. de Vergennes. Corrections et observations de Louis XVI. - Vaisseaux du roi à Brest et à Toulon. Personnel de la marine. - Officiers rouges. - -- Hié rarchie jusqu'aux gardes du pavillon. - Officiers bleus pris comme auxiliaires. - Règlement sur les vaisseaux auxiliaires, les prises, les corsaires, le respect des neutres et des pavillons. Police des ports. Ordonnance sur les gardes-côtes. Formation d'une armée de terre sous le maréchal de Broglie. Esprit public avant la guerre. Énergie de la nation. (1778.). CHAPITRE VII. PREMIÈRE PÉRIODE DE LA GUERRE CONTRE LA M. de Noailles. Rappel de lord Stormont. - La flotte. Attaque de la Belle-Poule. Flotte du comte d'Orvillers. Manœuvre et combat d'Ouessant. Caractère de cette bataille navale. Manifeste officiel de la France. Escadre de M. de Vaudreuil au Sénégal. Expédition de M. de Bouillé sur la Dominique. - Jonction des forces de La Motte-Picquet, de Grasse et du comte d'Estaing. Prise de Saint-Vincent et de Grenade. Combats contre les Anglais. (Avril 1778 à août 1779.). . 195 |