Page images
PDF
EPUB

faire des réflexions sérieuses aux hommes sensés. Les vexations horribles que la Grèce avoit à souffrir, prouvoient assez que nous n'appartenions pas à une Puissance Protectrice et légale, et que la légitimité se deshonoreroit elle-même, si elle vouloit mettre sa cause en parallèle avec la conduite de ces Barbares inexorables, que notre anéantissement politique n'avoit point adoucis, et qu'une ombre de liberté civile met en fureur. Aucun serment, aucun Traité ne nous lioit à un pouvoir absolu fondé sur la force, qui semblable à la plus mortelle épidémie, infectoit l'atmosphère de notre Patrie dévastées Ce n'étoit pas sans quelque vraisemblance, quoique foible et éloignée, d'un heureux succès, que le tems étoit arrivé, non de renverser une Royauté Nationale et révérée, non de sacrifier une situation supportable, bien que défectueuse, aux phantômes d'une perfection imaginaire, mais de briser la verge de fer de nos Tyrans, de repousser la force par la force, et de substituer un état légal, invariable, à une existence précaire, sans Lois et sans protection. Et quel desastre plus grand ou plus funeste pouvoit-on craindre que celui où ont été plongés Candie, l'Epire et la Morée ? Une Administration détestable, digne fille du Gouvernement avide du Troisième Mahomed, modèle de brigandage et de pillage, qui tous les jours étoit mise officiellement à l'enchère, arrachoit à un Peuple opprimé les dernières gouttes de son sang. C'est en vain que les plaintes des malheureux s'élevoient de toutes parts, elles retentissoient, sans pénétrer, jusqu'à la région, d'où émanoit l'autorité qui nous écrasoit.

Déjà le désespoir, causé par le délai des secours, commençoit à présenter à la misère de plusieurs Provinces, un changement de religion, comme le dernier moyen pour parvenir à la tranquillité, et à faire évanouir les droits sacrés que l'évangile s'étoit acquis sur la reconnoissance pieuse de la Nation Grecque. Mais l'Europe auroit-elle préféré voir sous ses yeux ce monstrueux parjure? auroit-elle, quoique fière d'une Alliance toute Chrétienne, voulu donner de nouveau son suffrage au triomphe du Coran sur la sainte écriture, de la barbarie sur la civilisation? Il a fallu prendre les armes pour périr du moins avec honneur. Qu'on ne se fasse point ici illusion sur ce grand problème; en politique chaque illusion a aussi sa punition, qui est d'autant plus rigoureuse que les intérêts et les tems que l'on méconnoît, sont plus importans. Ici, dans le cas actuel, tout nait et découle de la force des choses. Les hommes, les lieux, les paroles ne comptent pour rien. Le premier pas une fois fait, quoique d'une manière violente, il a fallu continuer sous peine d'être anéanti. La Révolution, populaire dans ses motifs, devoit le devenir encore plus par les événemens, qui l'ont suivie. Le sort affreux de tout ce que la Nation Grecque possedoit d'hommes distingués et de familles celèbres, la déstruction des églises et des écoles, les effets d'une vengeance féroce, ont montré

l'abîme où la Nation devoit tomber, si elle avoit eu la lâcheté de se soumettre. Quelle garantie pouvoit-elle espérer pour sa sûreté des contempteurs de tous les Grecs, des violateurs de toutes les Lois? Animée par la situation qui la privoit de l'appui des Lois et de toute protection, elle s'est trouvée par les orages du premier mouvement réduite à l'alternative, où de périr où de s'affranchir. Foible et dépouillée de tout, elle auroit en effet déjà été perdue, si la Divine Providence n'avoit pas jusqu'à présent produit le miracle de ses progrès, et annoncé de nouveau à l'Europe attentive, qu'elle vient au secours des opprimés, et qu'elle montre sa puissance en soutenant les foibles.

Depuis 13 mois nos Abandonnée du reste illustre passé, poussée

Quoi! après un si petit nombre d'Années écoulées depuis la délivrance de l'Europe, exaltée même par les Puissances et les Chefs des Peuples comme une faveur divine, ne seroit-il déjà plus tems de rappeler en politique que la Toute Puissance veille sur les Nations et les Rois, qu'elle égalise les époques même par des revers, et que du sang repandu avec un généreux sacrifice, par les générations présentes, elle fait naitre le bonheur des générations à venir? Peuples ont fait plus qu'ils n'osoient espérer. du monde, ayant derrière elle le souvenir d'un enfin par sa propre misère, la Grèce continuera de parcourir une glorieuse et pénible carrière, et de donner aux Peuples Chrétiens, ainsi qu'aux ames sensibles qui dirigent sa destinée, le spectacle d'un Peuple qui combat pour sa Patrie, et qui est décidé à vaincre ou à mourir dans cette lutte. Tel est son sort et la destination que la Providence lui a assignée. Elle est forcée de la suivre avec persévérance, et de sacrifier dans cette lutte désespérée tout ce qui lui reste de plus cher, à la possibilité de sa délivrance. Si néanmoins le destin de notre Nation, étoit de succomber à la supériorité du nombre ou aux immenses ressources de son ennemi mortel, le sang de cet ennemi coulera avec le sien dans ses défaites, et en finissant comme elle a commencé, elle laissera au monde par sa chûte la conviction qu'elle étoit digne d'un meilleur sort. La Nation rassemblée par le moyen de ses Représentans, s'étant donnée une Constitution Provisoire, qui embrasse toute la Grèce dans toutes ses parties et ses intérêts, cette Assemblée a cru qu'il étoit de son devoir et conforme aux intérêts de la Nation, à la tête de laquelle elle se trouve, d'exposer aux Puissances Chrétiennes sa situation et sa résolution. Les succès qu'elle a eus dépuis son établissement fortifient l'espérance que la Grèce parviendra à jouir paisiblement de son Indépendance Nationale, et des avantages de la civilisation Européenne. Nous protestons d'avance contre toute violation des droits incontestables que nous avons achetés au prix de sacrifices immenses. L'humanité et la religion, les considérations de la politique et du commerce, montreront dans cette occasion aux Puissances Chrétiennes, dans la sagesse de leurs délibérations, le legs

conforme aux intérêts de leurs Peuples et à leur gloire, qu'elles ont l'intention de laisser dans cette affaire à l'histoire et à la postérité. Donné à Corinthe, le (15) 27 Avril, 1822.

Les Membres du Gouvernement Provisoire de la Grèce.
MAVROCORDATO, Président.

ATHANASE CANACERI, Vice-Président.
ANAGNOSTI PAPPAGANEPULO.

JEAN ORLANDO.

JEAN LOGOTHETY.

Le Secrétaire des Affaires Etrangères, NEGRI.

DECLARATION of the Provisional Government of Greece, announcing the Blockade of Turkish Ports.-Corinth, 25th March, 1822. (Translation.)

LE Gouvernement Provisoire de la Grèce.

Mue par son propre élan, la Nation Grecque combat contre la Tyrannie; ses droits sont connus et incontestables, elle ne demande rien autre que de faire cesser l'injustice, n'épargnant à cet effet aucun sacrifice, et recherchant ses avantages sans vouloir nuire à aucune société d'hommes justes. Comme elle connoit ses Droits, elle connoit aussi ses devoirs; et en publiant son indépendance, elle a établi un Gouvernement central, afin de protéger les uns, et faire éxécuter ponctuellement les autres; mais comme pour parvenir à ce but sacré et national, le Gouvernement doit enlever à l'Ennemi les moyens de s'opposer à son Exécution, il déclare aujourd'hui, usant à cet effet du Droit des Nations et de l'Europe, en état de blocus, tous les Parages qui sont encore au pouvoir de l'Ennemi, dans l'Epire, dans le Peloponèse, dans l'Ile de Négrepont, en Thessalie, depuis Epidaure (Dulcino) jusqu'à Salonique, même y compris les Iles de la Mer Egée, celles des Sporades qui sont entre leurs mains, et Candie.

Si des navires sous quelque Pavillon qu'ils soient, après avoir été formellement avertis par les Capitaines des Bâtimens Grecs de cette Résolution, entrent dans les Ports ennemis ci-dessus désignés, ils seront pris et traités d'après les Loix généralement établis. Les Commandans des Armemens Grecs continueront à donner des avis de cette mesure aux Navires Etrangers, jusqu'à ce que le Gouvernement soit informé que la présente publication est parvenue à qui de droit.

La présente Déclaration sera communiquée à tous les Consuls des Puissances amies qui se trouvent en différens lieux de la domination Grecque.

Corinthe, le Mars, 1822.

A. MAVROCORDATO, Président du Tribunal Executif.

TH. NEGRI, Ministre des Affaires Etrangères, Premier Chancelier.

DECREE of Congress, announcing the Election of Don Augustin de Iturbide as Constitutional Emperor of Mexico. -19th May, 1822. (Translation.)

THE Regency of the Empire entrusted provisionally with the Government during the absence of the Emperor, to all those who shall see and hear the present, know, that the Sovereign Constituent Mexican Congress has decreed as follows:

In the Palace of Mexico, on the 19th of May, 1822, the 2d Year of Independence, the Sovereign Constituent Mexican Congress, assembled in Extraordinary Session in consequence of the events of last night, and of the Official Report thereon of the Generalissimo Admiral, which transmitted the various Documents inserted in the Proceedings of this day; having heard the acclamations of the People, which are in conformity with the general wish of the Congress and of the Nation; taking into consideration that the Cortes of Spain, by a Decree inserted in the Madrid Gazette of the 13th and 14th February last, have declared the Treaty of Cordova to be null and void, and that, therefore, the Mexican Nation is no longer bound to its fulfilment, but enjoys the liberty, which the IIId Article of the said Treaty grants to the Sovereign Constituent Congress, to name an Emperor, in the event of the renunciation, or refusal, of the Persons therein called to the Throne; has been pleased to elect for Constitutional Emperor of the Mexican Empire, Don Augustin de Iturbide, first of that name, upon the bases proclaimed in the Plan of Iguala, and accepted universally by the Nation, which are described in the form of Oath he is to take before the Congress, on the 21st instant.

The Regency of the Empire will take cognizance of this Decree, and will communicate it to all the Authorities, causing it to be printed, published, and circulated; and will at the same time cease to exercise the functions provisionally entrusted to its care.

FRANCISCO GARCIA CANTARENA, President.
FRANCISCO MA. LOMBARDO, Deputy Secretary.
JOZE IGNO. GUTIERREZ, Deputy Secretary.

We therefore command all the Tribunals, Justices, Governors and other Authorities, Civil, Military, and Ecclesiastic, to observe and cause to be observed, fulfilled and executed, the above Decree in all its parts. They will adopt the necessary measures for its fulfilment, and that it be printed, published and circulated.

Mexico, 21st May, 1822, the 2d Year of Independence.

JOZE ISIDRO YANEZ.

MIGUEL VALENTIN.

EL CONDE DE CASA DE HERAS.
NICOLAS BRAVO.

Don Jozé Manuel de Herrera.

PROCLAMATION of Don Augustin de Iturbide to the
People, on his Election as Emperor of Mexico.—May, 1822.
INHABITANTS Of the Mexican Empire,
(Translation.)

THE wish, in addressing you, to preserve the tone and confidence simply of a Fellow-Citizen, is still entertained by him whom you have been pleased to raise from that class to the Imperial dignity. What have you found in your Compatriot to render him worthy of an honour so exalted and brilliant? Did you, perchance, see in him the Man who emancipated the Nation from the tyranny of 3 Centuries! Is the Crown an offering of gratitude natural to so magnanimous and generous a People? Yes, certainly, gratitude, that sentiment which Heaven has implanted in all hearts of this delightful region, never shewed itself in greater force than at the time when our Country recognized itself as free and independent. From that moment I was struck with admiration of the thankful feelings of the Inhabitants—then were the Diadem and obedience tendered to me with free and sincere acclamation; and I would then have accepted them at once, making to my Country this last sacrifice, assuredly the most painful, considering my natural disposition and the object of my wishes,-since I began to institute comparisons between the disquietudes of the World and the sweets of solitude had not my very duties and services, pledged to the Country, furnished me with a two-fold motive for refusing its liberal offers.

Fixed in the principle that every thing should be sacrificed for the Country; resolute and consistent in the Plan conceived for the recovery of our National Independence, and faithful to the Treaty concluded at Cordova, with a Minister of the Spanish Government, it will not be said that Iturbide availed himself of the regard of the People, but only to moderate the demonstrations of their love and gratitude. Scarcely had publick opinion begun to manifest itself, by means of the Press, designating him as the Person to wield the Sceptre of the Empire, when he endeavoured, without delay, to give it a different direction. He declared and proclaimed his own, in publick and private, as a Citizen and a Magistrate; as one interested in the glory of the Nation, and punctilious and delicate in respect to what regarded his personal interest. The laurels of that Victory which broke the power of the Oppressors of his Country quietly encompassed his brows, and assigned proper limits to that laudable ambition which was grounded in all the virtues. Why then constrain him to ascend the Throne, from whose elevation he can no longer view, with complacency, the services rendered to his Country, without feeling himself pressed down by the excess of his recompense? But the Nation has willed it; and Iturbide yields to its supreme will, now that he ascertains that it is not an inconsiderate movement of blind gratitude, but that irresistible impulse which always directs the general wish towards the publick prosperity.

« ՆախորդըՇարունակել »