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ET MILITAIRE

DU

PEUPLE DE LYON.

CHAPITRE PREMIER

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SOMMAIRE: Licenciement et désarmement de l'armée révolutionnaire. Placard occulte de Fouché. Lettre des représentants et adresse de l'armée révolutionnaire au sujet de l'arrestation de Ronsin. — Dissolution de la Commission temporaire. - Actions héroïques des Lyonnais volontaires aux armées de la République. — Autodafé patriotique. — Poisson d'avril des aristocrates. -- Remplacement de Fouché de Nantes Reverchon. par Jugement et exécution du bourreau et de son aide. Portrait de Fouché. Actions horribles de sa vie politique à Lyon. Proclamation de Reverchon.- Persécution des campagnes. représentants à ce sujet.— Démission de la Commission révolutionnaire. -Quelques mots bibliographiques sur les membres qui la composaient.--Arrivée de Fouché de Nantes à Paris. Il harangue le comité de salut Manoeuvre habile de Robes

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public. Protestation d'un Lyonnais.

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- Arrêté des

pierre. — Position critique des représentants à Lyon.-Départ de Méaulle. - Lettre de Delaporte à Couthon. Exigences des patriotes lyonnais.

L'étoile de Fouché de Nantes pàlissait au ciel de Commune-Affranchie; et le jour était proche où le chef du triumvirat lyonnais, l'àme damnée de Danton, ébranlé par la chute de ce farouche tribun, serait rappelé à Paris pour comparaître à la barre de la Convention, et rendre compte de sa conduite. Fouché de Nantes ne se fit point illu

sion sur la gravité de sa position; car Robespierre, dominant de toute sa puissance la stupeur fratricide de l'Assemblée nationale, devait infailliblement, dans sa logique impitoyable, envoyer à la mort un rival dont l'audace faisait ombre à son ambition rien moins que républicaine. Le licenciement et le désarmement de l'armée révolutionnaire, décrétés par la Convention, étaient le coup de grâce porté au chef de la faction vaincue. Fouché crut le parer en faisant placarder, par des agents secrets, sur tous les murs de Lyon, cette incendiaire proclamation adressée aux soldats de cette armée : « Parisiens de l'armée >> révolutionnaire, souffririez-vous après avoir consacré votre temps » pour venir mettre l'ordre dans cette commune et y faire exécuter » la loi au péril de votre vie, souffririez-vous qu'on vous renvoyat >> sans armes comme de vils assassins, et encore d'être désarmés par >> des hommes qui n'ont servi que dans les combats des Brotteaux, et qui n'ont fait leurs preuves que contre des muscadins liés et garottés, qu'ils n'avaient pas même l'adresse de tuer du premier coup de fusil? Non, vous ne seriez plus les hommes du 14 juillet. Vous ne » souffrirez pas une telle ignominie. On dit que vous avez pillé les

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>> manteaux donnés par les sections, et que, soit vous, soit la com

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mission temporaire, vous avez partagé le linge fin et autres objets >> soustraits sous les sequestres ou requis par eux. Non, vous ferez connaître à ces gueux de muscadins et aux voleurs des sections,

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» que les uns n'ont dénoncé que pour piller, et que les autres ne vous » ont inculpés que pour vous faire chasser. Cette commune ne mérite

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plus d'exister; il faut y mettre le feu aux quatre coins; et nous pu

>> nirons des conspirateurs et des voleurs d'argenterie qui valent

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» moins que ceux qu'on a guillotinés. Les canonniers de Paris ne va>> lent guère mieux. »

Ce placard furibond, où la vérité se trouvait compromise sur plusieurs points, à l'endroit surtout qui dénonçait à l'indignation des soldats révolutionnaires le crime des fusillades, crime dont ils avaient eu la plus grande part, produisit peu d'effet sur les masses; l'armée révolutionnaire seule s'en émut. Sur ces entrefaites, on apprit à Lyon l'arrestation de Ronsin, d'Hébert et de plusieurs de leurs complices; leur comparution au tribunal révolutionnaire glaça d'épouvante Fouché de Nantes; il sentit sa tête vaciller sur ses épaules, ainsi qu'il le raconta plus tard; mais passant aussitôt du cynisme de l'arrogance aux expédients honteux de la peur, il songe à raffermir

sa tête en applaudissant lui-même aux mesures dernières de la Convention, et en dirigeant contre Ronsin les colères fomentées du détachement de l'armée révolutionnaire, que ce général mis hors la loi commandait à Lyon.

Le même courrier qui porta à la Convention une lettre écrite au sujet des derniers événements par Fouché et ses collègues, était chargé d'une adresse du détachement de cette armée. Par leur lettre, où la basse hypocrisie prenait le masque du patriotisme indigné, les trois proconsuls disaient à leurs collègues : « Citoyens, la conspiration » qui vient d'éclater au sein de Paris, et qui devait envelopper d'un » deuil éternel la République entière, a frappé tous les esprits, d'éton» nement et de douleur. Les conjurés, plus habiles, plus contagieux » que tous ceux qui ont voulu jusqu'ici faire la guerre à la liberté, se » sont jetés dans le tourbillon révolutionnaire, et ont paru s'élancer » avec les âmes pures et ardentes vers le bonheur du peuple.

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» Les fédéralistes attaquaient la Convention nationale, lui repro>> chaient avec fureur de tout renverser, lorsqu'elle voulait conserver » le peuple sur les cendres de ses ennemis; de bouleverser toutes » les fortunes particulières, lorsqu'elle voulait fermement établir la » fortune publique; d'exercer des barbaries individuelles, lorsqu'elle lançait la terreur ou la mort sur les assassins de la liberté. Les nou» veaux conjurés ont imaginé qu'en suivant un système opposé, qu'en accusant le gouvernement de rétrogader dans sa pensée, dans

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>> ses mesures, dans l'affranchissement des hommes, le peuple, dupe de ce piége, marcherait avec leurs passions parricides à la tyrannie; » se soulèverait contre l'autorité nationale, et leur prêterait, dans son délire insensé, sa massue terrible, pour écraser les seuls amis qui >> lui seraient restés courageux et fidèles. Grâce à votre vigilance, citoyens collègues, l'humanité n'aura pas à gémir sur des erreurs aussi déplorables, sur des calamités que des siècles n'auraient pu réparer. La liberté ne sera pas couverte d'une seule goutte de sang. » Les tombeaux que le vice', la corruption et le crime creusaient à >> toutes les vertus, ne renfermeront que les restes impurs des conjurés. Le détachement de l'armée révolutionnaire qui est à Com» mune-Affranchie n'a point à se reprocher un coupable silence. L'expression franche et énergique de son indignation, de sa colère républicaine s'est manifestée au moment même où l'attentat a été commis, où son chef a été désigné au nombre des complices. II

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